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Ramadan au Sénégal : le kit de survie du non-jeûneur

Nous y voilà. Le mois béni du ramadan est là. Au Sénégal, où 98% de la population est musulmane ; le pays entier entre dans une chorégraphie savamment orchestrée durant laquelle les horaires de travail, le rythme quotidien, les obligations familiales, les soirées et autres sorties seront conditionnés par le lever et le coucher du soleil.

Autant vous dire que si vous ne jeûnez pas, ça va être assez compliqué. Alors pour vous accompagner durant ce mois, voici le « kit de survie du non-jeûneur» pour comprendre et bien vivre ce mois au Sénégal et notamment à Dakar.

Le Ramadan à Dakar…

Je me souviens de mon premier ramadan au pays de la Teranga. Je venais d’arriver du Congo où la majorité de la population est chrétienne, je n’étais donc absolument pas préparée.

Pour la petite histoire, après une folle journée, j’ai pris un bus pour rentrer. Il faisait chaud et j’étais affamée. C’est donc tout naturellement que j’ai sorti un hamburger de mon sac et que je l’ai mangé. Dans le bus. Jamais je n’avais vu autant de regards « assassins ». #MeaCulpa

Mais avant que je ne me lance dans le vif du sujet, savez-vous ce qu’est le ramadan ?

  • Le ramadan est le mois saint durant lequel les musulmans du monde entier – à compter d’un certain âge – s’abstiennent (notamment de manger, de boire, de fumer, d’avoir des relations sexuelles,…) du lever au coucher du soleil.
  • C’est le seul mois dont le nom figure dans le saint Coran
  • Le ramadan est un des cinq piliers de l’Islam
  • Ce mois est placé sous le signe de la charité
  • Durant ce mois est célébré « La nuit du destin ». C’est la nuit considérée comme la nuit la plus sainte de l’année et elle commémore la nuit durant laquelle le Saint Coran aurait été révélé au prophète Mahomet (PSL).

Au Sénégal, comme dans de nombreux pays à majorité musulmane, le mois de ramadan est spécial. Aussi, de nombreuses mesures sont prises en compte dans le fonctionnement quotidien, afin de permettre au plus grand nombre de passer ce moment dans les meilleures conditions.

Que ce soit dans les entreprises, les établissements d’enseignement, les commerces…Tout le monde passe à « l’heure ramadan ».

  • Heures de travail réduites : Beaucoup de sociétés permettent à leurs employés de rentrer plus tôt, en supprimant la pause de midi par exemple. Ainsi, en faisant une journée continue, elles permettent à leurs employés de rentrer une ou deux heures plus tôt.
  • Heures de cours revues : Dans de nombreux établissements supérieurs, les cours habituels du soir sont avancés. Ainsi, l’horaire habituel de 18h à 21h passe très souvent de 17h à 19h. Et beaucoup d’établissements offrent le nécessaire pour la coupure du jeûne.
  • Les soirées / activités en « sommeil » : Lors du mois béni de ramadan, le « Dakar by Night » est endormi lui aussi. Hormis de très rares soirées, la plupart des promoteurs de la nuit se mettent en sommeil.

Le « Ndogou », la coupure du jeûne à la sénégalaise

Le terme « Ndogou » est un mot wolof qui veut dire « Couper » et qui fait référence pendant le ramadan, à la coupure du jeûne au crépuscule.

Il se compose généralement d’un breuvage sucré (et chaud de préférence) et de fruits. Très souvent, de dattes. Dans la version plus « copieuse », il vous rappellera un brunch assez tardif : viennoiseries, jus de fruits, saucisson de bœuf, omelettes, yaourt,…

Il précède le dîner qui, lui ; se prendra un peu plus tard.

Crédit photo : Pixabay

A Dakar, le Ndogou est un moment privilégié, qu’on soit musulman ou pas. Lorsque l’heure sonne, où que vous soyez ; vous assisterez à un moment de solidarité très touchant. Dans le bus par exemple, il y aura toujours quelqu’un qui fera circuler un sachet rempli de dattes sucrées et même quand vous direz « Je n’ai pas jeûné, moi », on vous encouragera tout de même à piocher une datte et à faire circuler à votre tour.

De plus, de nombreuses initiatives allant dans le sens d’offrir un « Ndogou » à tout le monde se mettent rapidement en place. Vous verrez donc dans les quartiers, des groupes de jeunes entrain de chauffer de grandes marmites de café qu’ils offriront aux passants et aux chauffeurs coincés dans les embouteillages  et encore loin de chez eux pour « couper » le jeûne.

Certaines associations à l’image de « la marmite du cœur » s’emploient chaque année à offrir des « ndougou » aux personnes démunies ou tout simplement à créer une ambiance chaleureuse dans les rues, pour qui voudrait un peu de café, un bout de pain et quelques dattes.

Offrir le « ndogou » lors de la période du ramadan est un symbole fort pour chaque musulman. Et s’il est vrai que je me plains parfois de la teranga qui a déserté les rues de Dakar, je peux dire sans me tromper qu’avec le ramadan, le mot hospitalité n’a jamais autant été valorisé au Sénégal.

D’ailleurs, que vous jeûniez ou non ; vous aurez certainement de nombreuses invitations à aller prendre le ndogou avec des familles sénégalaises qui n’hésitent pas à ouvrir leurs portes à qui veut bien venir.

Un moment privilégié de fraternité et de partage durant lequel l’esprit et le corps sortent forcément rassasiés.

Vous ne jeûnez pas ? Pas de panique !

Je l’ai dit au début de ce billet. Le Sénégal est un pays à 95% musulman. Ce qui fait que la grande partie de la population est impliquée dans le jeûne et connaît donc les réalités qui vont avec. Si vous ne jeûnez pas et que c’est la première fois que vous passez le mois de ramadan au Sénégal, prenez des notes !

  • S’approvisionnez en PAIN : Avant le lever du soleil, les familles prennent le 1er repas de leur journée. Ils ne prendront le prochain qu’au crépuscule. Aussi, les boulangeries / boutiques de quartier sont ouvertes dès 4 heures pour permettre aux mères d’acheter du pain. Autant vous dire que si vous arrivez à 9 heures pour prendre du pain – surtout chez le boutiquier du coin – il y a de très fortes chances que vous ne trouviez rien.  La solution ? Il y a généralement une « livraison » de pain juste avant l’heure du Ndogou. Pensez à prendre du pain pour le lendemain !
  • Les longues queues au Supermarché : A l’heure du Ndogou, c’est la ruée vers les supermarchés/ boulangeries. Vous trouverez des queues interminables dès 16h30. Si vous le pouvez, essayez de faire vos courses bien avant cette heure. Vous gagnerez beaucoup de temps !
  • Manger en public : Là, c’est le nerf de la guerre. En règle générale, si vous prenez le bus en plein mois de ramadan et que vous décidiez de manger dans le bus, vous serez très très mal vu. Oui ! Confère mon expérience racontée plus haut. Si il est vrai que peu de personnes auront le réflexe de vous dire clairement que vous dérangez, les regards peu avenants se chargeront de le faire. Donc, si vous arrivez gérer la pression des regards des gens, bonne chance hein!
  • Tenir compte des « heures du ramadan » : Si vous souhaitez organiser une activité lors du mois de ramadan et que vous souhaitez obtenir le plus de participants possible, programmez-là après 20h ou alors, prévoyez un Ndogou/dîner pour les personnes présentes sur place.
  • Les embouteillages : Je ne pense pas avoir besoin de le préciser…mais faisons-le tout de même. Durant le mois de ramadan, les horaires changent et donc, tout le monde se retrouve dehors quasiment en même temps. Imaginez ce que ça peut créer comme embouteillages ! Un seul conseil à ce sujet : Soyez patients.

Voilà ! Vous savez désormais ce qu’est le Ramadan, ce que ça implique et surtout comment vous devriez faire pour ne pas être dépassés par l’événement.

Même si il est vrai que lors du mois béni de ramadan, les sourires se font rares sur les visages, les mines sont froncées et les gens semblent être à fleur de peau ; j’aime beaucoup lorsqu’enfin sonne l’heure du « Ndogou ». Moment sacré où un inconnu t’offrira une bouteille d’eau, où l’on te donnera une datte avec insistance, où l’on te conviera à venir manger et où le partage prend son vrai sens dans le cœur des gens.

Crédit photo kabirraihan via Pixabay

Li moy Sunugal. C’est ça le Sénégal. Et en attendant que vienne la fête de Korité, que les habits de fêtes sortent et que l’on s’asseye autour d’un même plat ; j’aimerais souhaiter un excellent mois de ramadan au côté musulman de ma vie : lecteurs, amis, familles, connaissances…

Pour chacun d’entre vous, que Allah Le Miséricordieux agrée vos prières et vous permettent d’expérimenter toute la force de son amour.

Ramadan moubarak.

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Auteur·e

samanthatracy

Commentaires

Ivo
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Très beau billet. Merci pour le voeux. Qu'Allah le miséricorde nous accorde la grâce Divine (santé) de toujours lire tes (succulents) billets.
Cordialement, Ivo