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Santé mentale et médias sociaux : cliquez avec compassion…

La plus belle phrase que j’ai eu à lire aujourd’hui se résume à trois mots : CLIQUEZ AVEC COMPASSION.

Compassion et Internet, voici deux mots qui ont du mal à aller ensemble. On le sait tous, ou presque, Internet c’est la jungle. À l’abri derrière nos écrans, il y a tellement de choses qui sont pensées, écrites, partagées puis amplifiées.

« Les réseaux sociaux ont donné le droit de parole à des légions d’imbéciles qui, avant, ne parlaient qu’au bar, après un verre de vin et ne causaient aucun tort à la collectivité. On les faisait taire tout de suite alors qu’aujourd’hui ils ont le même droit de parole qu’un prix Nobel. C’est l’invasion des imbéciles. »

Umberto Eco

L’impact des réseaux sociaux – et de son lot d’imbéciles – sur la santé mentale des personnes qui s’y trouvent n’est plus à prouver. Chacun à son niveau et chacun avec ses méthodes.

L’impact des réseaux sociaux sur la santé mentale des personnes qui s’y trouvent n’est plus à prouver.
Crédit photo : Mateusz Dach from StockSnap

Une surconsommation de l’information…

En février 2020, alors que la pandémie Covid-19 prenait de l’ampleur dans le monde et atteignait l’Afrique ; je me suis heurté à une évidence : le trop plein d’informations que je recevais via les réseaux sociaux avait un impact considérable sur mes humeurs d’abord puis sur mon quotidien. De Twitter à Facebook, en passant par Instagram et même WhatsApp, je recevais quotidiennement un florilège d’informations – vraies ou pas – qui m’affectait. Ce n’était pas la première fois mais jamais auparavant ma présence sur les réseaux sociaux ne m’avait autant troublé.

J’ai donc décidé de suspendre l’ensemble de mes comptes pour une période donnée.

Une décision bénéfique car j’ai pu remarquer à quel point je pouvais plus facilement contrôler les informations que je recevais et celles que je refusais d’entendre.

Avant cette ère des médias sociaux, notre connexion à l’information était limitée et facilement contrôlée. On regardait la télévision, on lisait un journal ou on choisissait de mettre une station radio. Ou pas. Aujourd’hui, ce n’est presque plus possible.

J’explique.

Il se peut que vous ouvriez votre compte Facebook pour prendre des nouvelles de votre famille mais dans le « défilement » de votre « Timeline », vous tomberez sur d’autres informations, d’autres préoccupations, d’autres nouvelles.

Il en est de même avec Twitter ou Instagram. Nous recevons des informations que nous ne demandons pas.

Nous surconsommons l’information. Même malgré nous.

Cyber-harcèlement, toujours d’actualité

Des études se plaisent à dire que Instagram est sans aucun doute le média social le plus nocif pour la santé mentale des jeunes. En effet, les « timelines » pullulent de modèles qui – bien malgré eux – sapent l’estime de jeunes qui n’entrent pas dans les cases prédéfinies : #FitGirl, #BeauGosse, #CoupleGoal.

Je ne m’aviserais pas à contredire des recherches menées de main de maître mais par expérience, je sais que d’autres réseaux n’échappent pas à la règle des échanges malsains, des commentaires avilissants et des harcèlements en tout genre.

J’ai l’habitude de dire que « Twitter, c’est la jungle ». Et beaucoup seraient d’accord avec moi. D’ailleurs, dans la « Twittosphère » africaine, il n’est pas rare de voir quelqu’un « manger la tontine ». Entendez par là, subir les foudres de personnes mécontentes d’une prise de position ou, plus souvent, d’une fan-base qui vient soutenir une personne très suivie sur les réseaux. Trop souvent, les mots sont durs.

Et si on parlait de santé mentale ?

Il n’est pas rare de voir des gens qui ferment leurs comptes parce que trop touchés par les injures et les commentaires malsains à leur égard. C’est le quotidien de plusieurs personnes sur les réseaux. Il n’est pas rare non plus de lire des histoires où des personnes ont mis fin à leur vie après avoir été persécutés via les mêmes réseaux sociaux.

Qu’on le veuille ou pas, nous sommes tous exposés à des informations qui peuvent – volontairement ou pas – atteindre notre santé mentale, blesser notre ego ou remettre tous nos acquis en question. C’est un fait.

Avant, j’aurais dit « pour les plus faibles d’entre nous, les médias sociaux peuvent s’avérer destructeurs ». Permettez que je modifie cette affirmation : pour nous tous, les médias sociaux peuvent être destructeurs. Volontairement ou pas.

Qu’on se l’avoue ou pas, bon nombre d’entre nous recherchent une certaine approbation sociale sur les réseaux sociaux. On aime recevoir de beaux commentaires, voir que nos stories ont été suivies par un grand nombre de personnes, remarquer qu’on a plus de followers que la veille ou simplement, que le nombre de Likes a augmenté. C’est normal. Là n’est pas le problème.

Le problème arrive dès l’instant où toutes ces choses nous font ressentir une addiction à cette approbation sociale et qu’on attend, des autres, qu’ils nous trouvent plus beaux, plus talentueux, plus drôles ou plus aimés.

Mais que peut-on y faire ?

Je vous l’ai écrit plus haut. Il y a quelques semaines, j’ai ressenti une pression comme jamais auparavant sur mes réseaux sociaux. J’ai décidé, un peu sur un coup de tête, de tous les mettre en pause. Histoire de laisser passer tout le flot d’émotion qui m’envahissait.

D’ailleurs, pour la petite histoire, j’ai célébré mes 30 ans sans recevoir un seul des habituels messages de mes réseaux sociaux. Y compris les déclarations publiques qu’on se plait à toujours faire. Mais ce n’était pas plus mal.

Et j’ai retenu quelques leçons.

1 – Soufflez, vous en avez le droit !

Que ce soit sur Twitter, Instagram, Facebook ou sur un autre média social, vous avez la possibilité de désactiver votre compte pour une période donnée. Et sauf si c’est votre gagne-pain, vous n’avez pas de compte à rendre. Coupez tout et respirez !

2 – Mutez !

Le bouton « Mute » ou « Ne plus suivre » est devenu mon meilleur ami. Lorsqu’un sujet ou même une personne me fait ressentir un sentiment de mal-être, je n’hésite pas à le mettre sous silence.

3 – Prenez des pauses !

Vous n’avez pas l’obligation de tout commenter ou de tout partager. Sauf si vous êtes un influenceur vous gagnez votre vie via ces réseaux. Et encore ! Vous pouvez prendre des pauses et faire autre chose que d’être en train de défiler.

4 – Cliquez avec compassion…

Depuis quelques temps, je me retiens de répondre à tout sur les réseaux sociaux. Parfois, ce n’est pas juste utile. Vous entrez dans un engrenage qui peut vous faire du mal à vous mais aussi à autrui. Du coup, est-ce que toutes les vérités sont bonnes à Twitter ? Tous les sujets sont-ils bons pour être abordés ? Toutes les stories doivent-elles être suivies ?  Je ne pense pas. Il y a des débats que l’on n’a pas besoin d’avoir avec un inconnu. Surtout s’ils s’avèrent stériles. Bref, « cliquez avec compassion ». Pour vous et pour autrui.

En fin de compte, derrière les pseudos et les noms imprononçables que l’on retrouve trop souvent sur les réseaux sociaux, il y a des personnes. Toutes ont des rêves, des peurs, des incertitudes. Toutes, sous l’anonymat de leur connexion Internet, sont des personnes susceptibles d’être atteintes par un acte – en apparence – anodin, sur les réseaux sociaux.

De grâce, la prochaine fois que vous devrez interagir sur vos plateformes sociales, cliquez avec une bonne dose de compassion. On ne sait jamais ce qui se cache derrière un @ sur twitter, une story sur Instagram, un commentaire sur Facebook et un pas de danse sur Tik-Tok.

Cliquez avec compassion, pas seulement pour autrui. Faites-le surtout pour vous. Il y a des informations, des personnes, des sujets qui n’ont rien à faire sur vos réseaux. Débarrassez-vous-en ! Par compassion. Pour vous.

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samanthatracy

Commentaires

Mawulolo
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Heureusement que je ne pas m'abstenir de commenter et de dire que je kiffe ton billet

Thierry
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Y a pas le bouton like ? Je parle de surinformation dans mon mémoire d'ingénieur en 2008, on y est en plein dedans et 3310 me manque.

René Nkowa
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Moi, pour le coup, c'est ce qui est arrivé à un autre, sur Twitter, qui m'a poussé à prendre mes distances d'abord avec ce réseau social, mais avec tous les autres. On y absorbe tellement de choses, que parfois notre morale désapprouve, qu'un jour, de manière voulue ou non, la rupture survient.