Samantha Tracy

Le slam s’invite au Sommet de la francophonie

Le sommet de la francophonie se tient du 22 au 27 novembre 2016 à Antananarivo à Madagascar. En marge a lieu la formation annuelle des mondoblogueurs. Une occasion pour la slameuse blogueuse que je suis de me faire mon idée sur cet événement. Et devinez quoi ? Au pavillon de la francophonie…On slame.

 

Hier, j’ai joué l’écolière la blogueuse buissonnière…

Alors que mes co-mondoblogueurs suivaient studieusement la formation, je suis sortie prendre l’air dans le village de la Francophonie. Une promenade balade de santé au cours de laquelle j’ai été détournée par des mots…Oui ! Des mots ! Ou du Slam plutôt.

Pour ceux qui ne le savent pas, je suis slameuse au sein d’un collectif dakarois et j’ai un amour tout particulier pour cette forme d’expression. Mais qu’est-ce donc le slam ? Est-il aussi francophone qu’on le croit ?

La petite histoire du Slam

Le slam est un mouvement social, culturel et bien sûr, poétique. En 1980, Marc Smith ; jeune écrivain de Chicago organise une compétition de poésie dans le bar green Mill. En plus d’inviter le public à être jury, Smith envisageait de faire descendre la poésie de son piédestal parce que considérée comme étant l’apanage d’une élite sociale.

Pari largement tenu puisque le Slam a conquis un public hétéroclite qui s’est chargé – au fil des années – de lui donner une identité très urbaine.

Le slam s’invite au sommet de la francophonie

Le pavillon de la Francophonie accueillait des jeunes élèves, venus découvrir ce concept qu’ils connaissent de nom mais en ignorant le sens. Autour d’une slameuse souriante, ils ont découvert le slam dans toute sa splendeur.

Curieuse, j’ai demandé à un groupe d’enfant d’à peu près 11 ans si ils comprenaient mieux ce qu’étaient le slam. C’est avec le sourire, qu’ils m’ont répondu.

Le slam ? C’est comme une récitation. Mais c’est plus cool. C’est comme du rap.

Le village de la francophonie m’avait déjà éblouie avec ses murs pleins de graffitis, comme un clin d’œil à la culture urbaine. J’ai encore plus été étonnée en tombant sur cet atelier d’initiation au slam.

Un autre clin d’œil de la francophonie à cette génération curieuse et métissée qui s’emploie à réinventer la langue française.

Je disais que le français était coloré. Il est aussi jeune et facile à modeler.

Je ne peux donc qu’être heureuse de voir que la francophonie entre peu à peu à l’ère d’une franco-folie où les mots ont une histoire, s’adaptent et s’emploie dans un contexte autre qu’un dictionnaire.

La preuve en vidéo… Un texte. Un slam. Signé par votre servante.

 


Sommet de la Francophonie : mes coups de coeur

Le Sommet de la Francophonie se tient du 22 au 27 novembre 2016 à Antananarivo à Madagascar. En marge a lieu la formation annuelle des Mondoblogueurs. Une occasion pour la blogueuse que je suis de me faire mon idée sur cet événement. Curieuse, j’ai arpenté les rues du village de la francophonie et pour vous, je partage mes découvertes et mes coups de cœurs.

 

  • Les jeux de la francophonie, Cote d’Ivoire 2017

Akwaba ! Bienvenue !

Le stand des prochains jeux de la francophonie vous donnera le sourire à coup sûr. Faro, mascotte officielle de ces jeux sera votre premier contact. Avouez qu’il est attachant !

Faro est la mascotte officielle des Jeux de la Francophonie 2017. Crédit photo : Samantha Tracy
Faro est la mascotte officielle des Jeux de la Francophonie 2017.
Crédit photo : Samantha Tracy

A l’intérieur du stand, vous retrouverez la Cote d’Ivoire comme importée à Madagascar : Le fameux cacao local, les chips de banane et de patate, le café…Oui ! Je sais que je parle que de nourriture mais chacun ses centres d’intérêts.

Bonus francophonie : La Cote d’Ivoire est certainement le pays africain où le français très coloré, revisité à la « sauce locale ». Ne soyez donc pas étonnés si jamais en sortant, les hôtesses vous demandent si vous êtes enjaillés. (NDLR : contents).

 

  • Big Orange…

Avant d’arriver à Tananarive, je n’avais jamais entendu parler de « Big Orange », une boisson gazeuse qui ne m’a absolument pas payée pour que j’en parle  que je n’ai pas encore gouté.

Ce que j’ai adoré dans ce stand, c’est la présence de la meilleure équipe au monde FC Barcelone. Pas en vrai malheureusement mais vous y trouverez des représentations de Messi, Neymar et Suarez entre autre. What else ? Quoi d’autre ?

La meilleure équipe du monde est au village de la Francophonie
La meilleure équipe du monde est au village de la Francophonie

 

Bonus francophonie : La langue la plus parlée sur les terrains de Football est l’anglais. Dommage pour nous les francophones mais la sphère des « footeux » est plus anglophone que francophone.

  • Le Royaume du Maroc

Fresques, garde royale et ambiance apaisante…Bienvenue au Royaume. J’ai beaucoup aimé la présence marocaine au village de la francophonie. Le stand est à lui seul une invitation à découvrir ce pays.

Vous y trouverez quelques supports qui racontent ce pays.

Stand du Maroc. Village de la Francophonie. Crédit photo : Samantha Tracy.
Stand du Maroc. Village de la Francophonie.
Crédit photo : Samantha Tracy.

 

Bonus francophonie : L’Arabe est la langue officielle du Royaume du Maroc, avec le Berbère. Seuls 13,5% des marocains sont pleinement francophones selon l’Organisation internationale de la Francophonie.

  • Le Quebec

Vous êtes un jeune entrepreneur ? Ca tombe bien, le Quebec fait la promotion du « Marché aux projets» : Partagez une idée, défendez –la directement au stand du Québec et tentez de remporter une des trois bourses de mobilité pour concrétiser ou développer votre projet.

Feuillet disponible au Stand du Québec
Feuillet disponible au Stand du Québec

Bonus francophonie : Le Quebec fait partie de l’Amérique française. En effet, on y parle le français.

 

  • Quand Francophonie rime avec graffiti

En arrivant au village de la francophonie, la chose qui m’a le plus surpris c’est la décoration des murs.

Imaginez donc ! Le village de la francophonie a des allures de Harlem.

Des graffitis sur les murs, comme un clin d’œil à cette jeunesse francophone.

A l’heure où les arts urbains se cherchent encore une place dans nos sociétés protocolaires, j’ai particulièrement aimé voir ces murs colorés qui racontaient une histoire.

Une histoire d’un espace francophone qui se rajeunit.

Un mur au village de la Francophonie
Un mur au village de la Francophonie

Bonus francophonie : Le singulier de graffiti est…graffito ! Oui, prenez des notes.

Voici donc mon top 5 des stands à visiter si jamais vous faîtes un tour au village de la francophonie.

 


Alerte : Mondoblogueurs à Antananarivo

 Aéroport. Douanes. Valises. Café. Horaire. Passeport…

Voici les mots clés de mon dernier week-end.

En compagnie de Lucrèce, j’ai quitté Dakar.

Un voyage de près de 11 heures, entrecoupé d’escales et nourrit de fous rires, pour enfin atterrir à Antananarivo. À Madagascar. L’île rouge qui reçoit cette année le sommet international de la francophonie et surtout, la formation annuelle de Mondoblog.

J’y suis depuis quelques jours maintenant et attendant de vous faire un résumé de mon périple malgache, Je vous invite à faire la connaissance d’une partie des Mondoblogueurs de la saison 5.

Mot d’ordre : ne tombez surtout pas amoureux de leurs sourires… et de leurs plumes.

 


J’ai 25 ans et tout l’avenir derrière moi – Lucrèce G

Je n’ai jamais aimé fêter mon anniversaire.

Quand j’étais plus jeune ma date d’anniversaire coïncidait généralement avec la rentrée des classes et bien évidemment les parents étaient plus occupés par les fournitures scolaires et les frais de scolarité plutôt que par une fête.

En grandissant je me suis fait une raison. D’ailleurs je ne comprenais pas pourquoi il fallait fêter le fait qu’on vieillissait.

A ce propos on me recommande souvent de voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. Une année de plus est une grâce etc. Mais cette année j’ai beaucoup plus de mal.

J’ai 25ans et je m’endors souvent en rêvant de pouvoir remonter le temps.

Mon 25eme anniversaire, j’ai eu la chance de le fêter avec ma famille.

Enfin, il faut encore relativiser la notion de chance!

J’ai été réveillée à 5h du matin par ma mère et ma grand-mère qui ont tenu à prier pour moi. N’allez pas penser que j’ai quelque chose contre les bénédictions parentales mais là c’était comment dire… épique.

Seigneur mon Dieu fais qu’elle trouve un mari, oh Seigneur aies pitié de moi, donnes un mari à ma fille !

Ma grand-mère elle, orientait déjà ses prières vers le genre de mari qu’elle veut pour moi basée évidemment sur son expérience de la vie. Ce n’est pas la première fois que j’ai droit à ces prières mais la ferveur qu’elles y mettaient ce jour là m’empêchait d’en rire cette fois. Cela m’interpellait plutôt sur le fait que je venais de taper le code d’accès à la vraie vie d’adulte : 25.

Enfant docile et sage en apparence, j’ai toujours été surprotégée et cela n’a jamais été pour me déplaire, même que j’en abusais sans honte. Mais depuis, je me rends compte que pour avancer j’ai besoin d’abandonner la facilité et prendre la vie à bras le corps. Il y a des erreurs que je ne pourrai plus me pardonner. Les mauvaises décisions que je prenais avant même d’agir parfois, je les catégorisais facilement dans la liste des erreurs de jeunesse pour me donner bonne conscience sauf que désormais je ne me sens même plus jeune. Mes journées commencent désormais avec un grand nombre de pensées que je trouve stupides mais dont je n’arrive pas à me défaire. Il me faut être plus… moins… arrêter de… mieux faire… Et si finalement je n’y arrive pas ?

Professionnellement, j’ai tout ce qui est nécessaire, je sais apprendre. Je suis beaucoup moins pessimiste de ce coté, non pas parce que j’ai atteint tous mes objectifs mais le contexte actuel où il n’y a plus vraiment un modèle classique de carrière où l’on est « obligé de gagner sa vie tout en l’inventant » me paraît plus stimulant. Heureusement ou malheureusement je n’ai que ma bouche à nourrir et donc encore la latitude de choisir en pensant seulement à moi.  Pas encore besoin d’épargner pour la maison ou les études supérieures d’un enfant qu’au demeurant je condamne par le simple fait de lui donner la vie à voir la fin du monde. Donc oui, les angoisses de réussite et d’épanouissement professionnels, je les garde pour ma crise de milieu de vie. Pour tout le reste, je me rends compte que l’acné est la plus insignifiante des  préoccupations quand on grandit. Il faut désormais compter, calculer, mieux réfléchir… Adieu l’insouciance, c’est le moment de faire le deuil de sa jeunesse.

Je me rappelle avec nostalgie de ces fois où mes ainés m’envoyaient au lit parce que le film est déconseillé aux moins de 18ans. Contre mon gré, j’allais me coucher en rêvant de mon bel appart, de mon écran géant avec lequel je regarderai tout ce que je voudrai quand je serai grande. Dans le doux cocon de la jeunesse, je ne comprenais pas encore que l’autonomie et la liberté que je visualisais s’accompagnent d’obligations. Aujourd’hui, il m’arrive de tomber sur des offres (concours, projets…) réservés aux moins de 25ans et de ressentir la même frustration. Belle illustration de l’éternelle insatisfaction de la nature humaine ! Mon pessimisme légendaire m’oblige encore à voir le verre à moitié vide. Evidemment le « moins de 25ans » n’est pas la limite d’âge courante pour les projets réservés aux « jeunes » mais cela ne m’empêche pas de penser qu’il y a des choses que je ne pourrai plus faire à cause de mon âge et qui étaient peut-être nécessaires pour mon avenir. Dans ma « quaterlife crisis » (oui oui ca existe), j’ai du mal à accepter le « tu es jeune, tu as l’avenir devant toi ».

Mon coup de blues n’est pas seulement un caprice d’enfant gâtée qui semble comprendre des fondamentaux de l’existence un peu trop tard mais plutôt un réveil amer, une prise de conscience difficile mais nécessaire à l’adulte que je veux être. Toutes ces questions qui me taraudent, ces incertitudes qui m’angoissent, ces changements que je juge nécessaires d’apporter à ma vie sont destinés à faire de moi une meilleure personne, enfin j’espère, mais Dieu que c’est effrayant !

Lucrèce G


Ma contributrice du mois :

Lucrèce est une TECHNOFILLE. Une sorte de Geek, dans sa version très féminine. Ingénieur en réseau et télécommunications, cette jeune femme d’origine béninoise a également trouvé le moyen de tomber amoureuse de la langue française et de se passionner pour la cuisine! Plus multitaches, tu meurs!

Elle est mon coup de coeur de ce mois de novembre. Ne manquez surtout pas de la suivre sur son blog.


 


Ne prenez surtout pas un taxi à Dakar.

Depuis 10 ans maintenant, je vis dans la capitale sénégalaise, Dakar. Petit coin de l’Afrique de l’Ouest où le nombre d’automobiles semble être trop grand pour ces avenues souvent encombrées. Entre le « Tata », ce minibus blanc toujours trop plein ; le « Dem-Dikk » , transporteur national , toujours en retard ; le très connu « car rapide » aux couleurs affriolantes ; cercueils ouverts et stars de la capitale….il y’a aussi le Taxi.

Oui, les Taxis Dakarois. Jaune et noir, tel un clin d’œil à ceux de New-York ; qui déambulent dans la ville peu importe leur état.

Ces taxis là…

Si vous êtes en retard, ne prenez surtout pas un taxi à Dakar !

Ce matin – 07h25mn- je sors de chez moi. Nous sommes un Vendredi à Dakar, jour de prière. Les pantalons sexy des dames ont été troqués contre des pagnes. Je n’échappe pas à la règle.

De l’autre côté de la rue, j’arrête mon taxi et c’est là que commence mon périple.

07h30mn : Les taximen de Dakar, ces négociateurs hors-normes.

Le dialogue est presque toujours le même. Un « Must know » avant de s’aventurer dans les rues dakaroises.

 Nanga deff. Rond point Nord-foire. Niatala ?

(Bonjour. Rond point Nord-foire. C’est combien ?)

Et là, comme par enchantement, vous aurez l’impression d’avoir atterri directement à Wall Street, en pleine négociation du prix du coton.

Le taximan commencera par le prix le plus haut qu’il aura en tête, sachant pertinemment que la distance ne peut valoir les 3000f qu’il exige.

En règle générale, divisez le prix par deux (ou par trois, si le Monsieur pense que vous avez le même portefeuille que Macky Sall Bill Gates) et proposez lui cette somme. Puis insistez et enfin, faîtes mine de partir. Après ce ballet, il vous fera certainement signe de la main pour vous dire de monter.

Mon taximan du jour me fit donc signe de monter. J’avais gagné le 1er round.

07h35mn : Les taximen de Dakar ont besoin d’un GPS

Je ne sais pas si le carburant est offert gratuitement ou si ils cultivent une passion pour les longs trajets et les embouteillages, mais les taximen de Dakar ont le don de choisir la mauvaise route, au mauvais moment et à la mauvaise vitesse.

Dans mon cas, habituée aux différents trajets qui mènent jusqu’à mon lieu de travail ; je sais qu’il y’a des endroits à éviter les matins avant 9h parce que bondés. Toujours.

Vous me direz que le taximan chevronné qui me conduisait saurait ne pas emprunter ces rues « fatales » pour mon timing. Que nenni !

Malgré mes demandes répétées d’éviter le fameux endroit, mon chauffeur du jour y a foncé. Tel un bélier.

Résultat des courses : Nous voici coincés dans un embouteillage sans nom, obligés d’espérer un miracle.

Et c’est précisément à ces moments où je me bats pour ne pas le traiter d’un nom d’oiseau que mon chauffeur choisit de se retourner, petit sourire gêné en coin :

Balma hein ! Sokhna-ci. Balma.

(Pardon Mademoiselle. Pardon)

07h50mn : Les taximen de Dakar, ces centres d’appel ambulants.

Les taximen à Dakar sont tous des hommes importants. Ou du moins, chargés d’affaires importantes qui ne peuvent pas attendre qu’ils aient fini leurs courses pour passer un appel.

Généralement, lorsque le téléphone de mon taximan du jour sonne, je préfère qu’il se gare un instant pour répondre si il semble tenir à prendre l’appel. Autant préserver ma vie, quitte à perdre quelques minutes.

Malheureusement pour moi, la plupart du temps, c’est le taximan lui-même qui prend l’initiative de lancer un appel pendant qu’il conduit.

Celui de ce matin l’a d’ailleurs fait. Focalisé sur son téléphone, il a grillé un feu et évité – de peu – qu’une voiture nous fonce dessus.

Effrayée, je l’ai interpellé en sortant mes deux arguments ultimes.

Doucement ! Je n’ai pas encore d’enfants et je suis la seule fille de ma mère oh !!!

Il a fait mine de ne pas m’entendre. Ou simplement de ne pas comprendre.

Voyant qu’il ne lâchait toujours pas son téléphone, je l’ai à nouveau interpellé. Sa réponse a été épique.

Sa dund Yallah mo ko yor. Du mane.

(Ta vie dépend de Dieu. Pas de moi)

08h12mn : Les taximen de Dakar ont un problème sérieux avec Molière

Le Sénégal est connu pour être le berceau de plusieurs intellectuels africains. Entre Senghor et Cheikh Anta Diop, il faut dire que le pays a des ambassadeurs de haut niveau. Pourtant une grande majorité de la population est illettrée et peine à comprendre la langue de Molière. Pour certains, c’est le Wolof ou rien. Pour un grand nombre de taximen aussi malheureusement.

Me concernant, mon chauffeur du jour avait quelques bases françaises mais , il devait avoir l’esprit ailleurs.

C’est ainsi qu’arrivés au Rond Point où je me rendais, je lui ai demandé d’avancer et de prendre la droite. Le monsieur a pris la gauche.

Moi : J’ai dit droite non !

Lui : Mais fii droite leu (Mais ici, c’est la droite)

Moi : Non, c’est la gauche…

Pendant la minute qui a suivi, il a tenu à m’expliquer à coups de gestes qu’il venait de prendre la droite.

Pressée et désormais en retard, j’ai décidé d’aller dans son sens. Oui, je m’étais trompée. La droite était la gauche et la gauche était la droite. Tout ce qu’il voulait. Pourvu que je descende.

08h17mn : Les taximen de Dakar n’ont jamais de monnaie.

Important à savoir. Le taximan de Dakar n’a jamais de monnaie et si – comme moi ce matin – vous n’avez pas averti par avance que vous avez un gros billet, soyez sûrs qu’il restera dans sa voiture, attendant que vous alliez chercher des petites coupures et vous guettant du coin de l’œil. Les plus gonflés klaxonneront même, histoire de vous dire que vous les mettez en retard. La bonne blague !

Par contre, restez toujours à l’intérieur lorsque vous attendez votre monnaie. Certains d’entre eux sont partis avec mon reste alors que je prenais la peine de descendre. L’autre bonne blague.

08h22mn : Les taximen de Dakar ont le don de vous mettre en retard

Je le disais au début de ce billet. Si vous êtes en retard, ne prenez surtout pas un taxi à Dakar.

Parce qu’ils vous feront perdre du temps à discuter sur le prix de votre course.

Parce qu’ils pensent que vous devez découvrir la capitale sous toutes ses façades et quoi de mieux pour cela qu’un embouteillage ?

Parce qu’ils manipulent constamment leur téléphone, au détriment de leur volant. Et bien entendu, Dieu est bon !

Parce qu’ils ne comprennent que ce qui les arrange, au moment où ça les arrange.

Parce qu’ils n’ont jamais de monnaie et qu’ils ne vous aideront surement pas à en chercher.

Bref ! Autant que cela dépend de vous, ne prenez surtout pas de taxi à Dakar.

Sauf si vous n’êtes pas pressés.

Ou si votre responsable est aussi un Dakarois et que son taxi arrive juste après le vôtre.

Il comprendra votre retard d’un seul regard.

Ce n’est jamais simple de prendre un taxi à Dakar.


Culture en solde : au Congo Brazzaville, la culture se meurt…

Mariage ! Mariage ! Mariage !

J’ai 26 ans et je ne pense pas avoir besoin de vous dire que ma mère – dont je suis la fille unique – me pose la question au moins 3 fois par semaine : « tu te maries quand ? ».

Oui, j’ai atteint cet âge où les paris sont lancés pour voir si effectivement je finirais vieille fille, avec des chats et mes neveux que j’hébergerais.

Mais bon, ceci n’est pas la question…

Au Congo, dont je suis fièrement originaire, le mariage se déroule en 3 grandes étapes. Le mariage coutumier, le mariage civil et enfin, le mariage religieux.

S’il est vrai que les deux derniers mariages se font en grandes pompes, il n’en demeure pas moins que le mariage coutumier reste le plus important. D’ailleurs, il se déroule en 3 phases : 1er vin ou présentation aux parents, 2e vin ou confirmation de la présentation et enfin, la dot.

Culture à vendre en solde…

Dans la majorité des ethnies congolaises, la dot intervient après que la famille ait dressé une liste exhaustive des biens matériels qu’elle demande pour la main de la jeune fille mais aussi de l’argent qui devra les accompagner. A ce niveau tout est une question de famille et de besoins. Il n’est malheureusement pas rare de voir des familles « vendre » leur fille à des prix exorbitants selon qu’elle ait étudié, qu’elle soit vierge, qu’elle soit fille unique. Bref, toutes les raisons sont bonnes pour justifier que l’on demande 2 à 5 millions pour une dot.

On en reparlera sans doute mais ceci n’est pas l’objet de cet article.

Le mariage coutumier rime avec culture. Il faut savoir comment procéder, à qui parler et que offrir selon l’ethnie de la demoiselle. Mais plus encore, pour le jour j, il est question de comment se vêtir. Et c’est là que le bât blesse.

Bienvenue au Congo. Pays où la culture est en solde.

Récemment, un grand frère s’est marié coutumièrement et a posté les photos de ce jour béni sur les réseaux sociaux. J’ai parcouru l’album en long et en large avant de lui écrire en privé.

Tu as épousé une hindou ? Félicitations oh !

Il n’a pas tardé à me répondre

Une hindou ? Je trouve ça où ? J’ai épousé une Punu.

Really ? Permettez moi l’expression et l’étonnement qui va avec parce que moi ce que je voyais des photos c’était plutôt une jolie dame habillée en Saari, maquillée à l’indienne avec le point rouge et les dessins de henné sur ses mains.

Et sans doute dans l’optique d’harmoniser, son conjoint était également habillé à l’indienne et la rêveuse que je suis s’attendait presque à les voir esquisser les pas d’une danse venue de l’ autre bout du monde.

Ils ne sont assurément pas les seuls ! Chaque samedi, si vous parcourez les ruelles de Pointe-Noire ou de Brazzaville, vous verrez des mariés habillés à la Nigériane, à l’Ivoirienne, à l’Indienne, à la Sénégalaise… pour célébrer un mariage coutumier 100% congolais.

La plupart d’entre eux n’ont d’ailleurs aucune histoire commune avec le pays dont ils portent fièrement les atours traditionnels et ne savent pas la signification des détails qui y sont apportés.

C’est à mourir de rire.

Les « avocats du diable » ne manqueront pas de me sortir la phrase de circonstance : « C’est leur mariage. Ils ont le droit. Ça te fait quoi même ? »

Oui, c’est leur mariage…

Oui, ils ont le droit…

Mais ça me fait peur de voir comme notre propre culture est bradée.

Où est passé le Raphia ?

Où sont passés les Wax que les mamans transmettent à leurs filles à l’approche des noces ?

Où est passé le traditionnel « Ponzi » des femmes Punu ? Ce panier qu’elles utilisent pour la pêche mais qu’elles arborent lors de leur mariage coutumier, troué, pour rappeler qu’elles ne s’attarderont pas sur les problèmes ?

Que sont devenues les marques ethniques de chez nous ?

La culture se meurt…

L’internationalisation de notre mariage coutumier n’est pas le reflet de notre ouverture d’esprit. C’est simplement le reflet de notre complexe ou pire, de notre ignorance quant à nos propres coutumes.

Oui, parce que c’est de ça qu’on parle… Où est donc passée la culture congolaise ? La culture vestimentaire qui disparaît n’est que l’arbre qui cache la forêt. Les Congolais, de Brazzaville j’entends ; ont soldé leurs cultures. Elle n’est plus que l’ombre d’elle même.

Lors des derniers Jeux Olympiques par exemple, c’est avec beaucoup de joie que j’ai vu les délégations burkinabées, sénégalaises, béninoises et camerounaises qui arboraient fièrement leurs tenues nationales pour le défilé d’ouverture.

A notre tour, rien d’étonnant, les SAPOLOGUES étaient dans la place. On s’en vante mais il n’y a pourtant rien qui devrait nous rendre fiers.

Vestes, chemises, cravates… Et alors ? Est-ce là le Congo ?

Que les SAPEURS SAPOLOGUES me pardonnent de m’en prendre à leur sacro-sainte religion mais plus le temps passe et plus je suis effrayée de voir que leur SAPOLOGIE est désormais plus valorisée que notre CULTURE VESTIMENTAIRE de base.

Oui, on s’y connaît davantage en Yves Saint Laurent qu’en MAPUTA.

Et ça fait peur…

Rien d’étonnant pourtant lorsqu’on voit nos officiels qui ont adopté les tenues d’Afrique de l’Ouest ou les étudiants à l’étranger qui, lors des journées culturelles, ne sauront vous dire avec exactitude quelle est la tenue traditionnelle au Congo.

D’ailleurs, est-ce que nous en avons une ?

Demain…

Certains riront et d’autres me taxeront de moralisatrice à deux sous mais qu’importe ? J’aimerais juste savoir ce que nous lèguerons aux générations futures.

Je le disais plus haut, cette « internationalisation » de notre culture n’est que le reflet de notre culture qui dépérit : chants, danses, cinéma, littérature…

A force de s’ouvrir au monde, nous perdons notre authenticité.

Je tire une sonnette… Je lance l’alarme. Il faut sauver la culture congolaise. Il faut lui donner à nouveaux ses lettres d’or, il faut en parler dans les écoles, il faut lui donner la place qu’elle mérite.

Sinon, au delà du vestimentaire, d’ici quelques années tous les rites initiatiques auront disparu. Les langues ethniques se seront appauvries, les danses traditionnelles seront inexistantes et même notre art se résumera à ce que d’autres auront exporté chez nous.

Notre culture est notre identité… Quelle est la tienne ?

Non, mieux ! Quelle est la culture que nous laisserons à nos enfants ?

« La culture, c’est ce qui reste quand on a tout oublié » disait un célèbre penseur…

Au CONGO Brazzaville, il semble que nous ayons tout oublié… Ça expliquerait alors pourquoi nous nous accaparons – sans respect – la culture que d’autres auront su garder. Et sublimer.

NDLR : Image à la Une, un modèle de la Designer gabonaise Mireille Nzoumbou. Comme quoi, même à ce niveau, on pique chez les voisins. J’ai parlé.


Violence de couple : taper, c’est normal !

La première fois que j’ai assisté à une vraie bastonnade de couple, je devais avoir 9 ans. Le portail de notre maison donnait sur l’arrière d’une école publique qui, la nuit venue, se transformait en repère d’amoureux nocturnes.

Je me souviens que j’étais devant la télévision et que les cris dans la ruelle m’avaient interpellée. Et pas que moi.

Nous étions sortis en trombe et un de mes cousins avait tenté d’éloigner le jeune homme de sa victime : une jeune fille d’environ 16 ans qu’il avait dû confondre avec un punching-ball.

Ce dernier, tiré par mon cousin s’était laissé faire sans trop de mal et à notre grande surprise, c’était la victime qui nous avait apostrophés :

De quoi vous vous mêlez ? Ce sont nos affaires de couple…

Même la gamine que j’étais à cette époque avait été choquée. La jeune fille s’était relevée et avait couru derrière son bourreau en s’excusant littéralement qu’on l’ait interrompu dans sa correction !

Quelques années plus tard, en classe de 2nde ,une amie se faisait souvent rouée de coups par son petit ami. Elle était beaucoup plus âgée que moi et donc plus expérimentée. Je n’avais cependant pas compris pourquoi elle justifiait les coups qu’elle recevait comme étant un acte amoureux.

Un homme qui t’aime, il te frappe si tu déconnes et après, il te fait l’amour passionnément.

Je ne comprenais pas la logique.

Allons plus loin dans ce partage d’expérience. A un ami proche qui avait frappé sa fiancée de l’époque, j’ai posé la question suivante : « Pourquoi tu fais ça ? ».

Sa réponse restera gravée dans ma mémoire. Il ne peut en être autrement.

« Une femme, ça s’éduque… « 

Avant de continuer votre lecture, sachez que cet article s’inscrit dans le cadre de THE BLOG CONTEST, le challenge des blogueurs qui écrivent selon vos humeurs. Le thème imposé du mois est : « La violence dans les couples ». Ex-challenger, me voici qui écrit #EnMargeDuTBC.

A la base, taper c’est normal…

Lorsqu’on tolère un acte, on a tendance à s’y habituer et donc, à le considérer comme normal.

Un peu comme les coupures d’électricité dans nos pays africains. Un peu comme Paul BIYA à la tête du Cameroun, ou Sassou-Nguesso au Congo… On fait avec.

La société nous montre une image où la correction résout tout. Cela commence dès le bas-âge et nous sommes fiers – en tant qu’africains – de raconter comment on a tous été redressés lorsque nous étions petits, d’une gifle ou d’une fessée inoubliable.

Nous grandissons donc tous avec cette idée qui veut que le plus fort corrige le plus faible.

Les petits garçons grandissent avec cette idée où la force est la solution à tous les maux, et les petites filles s’y résignent comme étant quelque chose de mérité lorsqu’elles ont « dépassé les bornes ».

Ce qui est – à la base – un moyen d’éducation plutôt efficace, conditionne aussi l’enfant à mettre de côté le dialogue et à utiliser la force. On lève la main pour « arranger les choses ».

Cela pourrait-être une raison.

Parce que les parents éduquent des enfants qui voient d’une part, la correction physique comme la réponse naturelle face à une bêtise et d’autre part, des enfants qui acceptent finalement cette correction et la considèrent comme normale, plus efficace que le dialogue.

De la violence physique…

En grande majorité, ce sont les femmes qui sont le plus victimes des violences dans le couples. Elles sont également celles qui doivent faire bonne figure, malgré les coups. A une amie, qui se plaignait, discrètement de la violence de son homme, j’avais cru donner un bon conseil :

Mais quitte-le Tasha !

Et les enfants ? Je ne peux pas quitter leur père…

THE raison. La grande majorité des femmes battues vous diront qu’elles sont restées uniquement pour les enfants.

Foutaises !

La victime est habituée au bourreau. Ou pire, elle aime le bourreau et n’osera pas le dénoncer ou le quitter.

La pression est à la fois sociale et psychologique. De plus, la plupart préfèrent taire leurs mésaventures.

Tout est fait de convenance.

En parlant de convenances, n’ayant pas pu convaincre Natasha de plier bagages, j’étais allée voir sa mère que je connais bien. Je lui avais expliqué tant bien que mal le calvaire de sa fille. Elle m’avait écouté avec le sourire. A la fin, elle m’avait répondu.

« Je sais. Elle m’en a parlé. Mais tu sais, c’est une femme. Une femme doit être forte. Et ne pas contrarier son époux. »

Cela peut sembler surréaliste mais c’était bien une mère qui parlait ainsi. Je comprenais mieux pourquoi Natasha se terrait dans un silence approbateur. Elle était la victime et on lui reprochait quand même d’être la cause de la colère de son époux.

Une affaire de convenance je disais ! La bienséance veut nous faire croire que même devant des coups, une femme doit se taire. Et être belle. Et sourire.

De la violence morale…

Vous connaissez sans doute le calvaire de ces femmes dont l’époux – un parfait ange – n’a jamais levé la main sur elles mais passe ses nuits à faire le tour des bars et des lits. Ces femmes violentées moralement.

Faisons preuve d’équité.

Parlons donc de la violence dont sont victimes les hommes.

Le cas parfait est celui de Fred, un gars dans mon quartier. Petite, on l’appelait « petit pigeon ». Marié à Rebecca, il en était fou amoureux (Je le suspectais d’être tobassié) mais il est aussi l’homme le plus cocu du monde. Et il le savait. Tout le monde le savait.

Certains disent que c’est par amour, d’autres par bêtise (et moi, je suis certaine qu’il a été ensorcelé)… mais Fred restait épris de sa femme.

Il y’a quelques années, il a menacé de la répudier. Elle lui a juste rappelé qu’elle avait une foule de courtisans dehors. Ca l’a calmé.

Il fallait le voir : amaigri, toujours l’air résigné, la tête dans les nuages et à la merci de la femme qu’il aimait.

Tout homme qu’il est, il était lui aussi victime de violence conjugale. Mais puisque c’est un homme, puisque lui on ne le frappe pas… tout le monde avait ignoré.

Cela s’est d’ailleurs empiré quand il a perdu son emploi et qu’il s’est mis à dépendre des revenus de sa femme. Elle invitait quelquefois ses amants chez eux et Fred restait muet.

Il a sombré dans l’alcool après qu’elle soit – finalement – partie au bras d’un autre. Dans le quartier, tout le monde a rigolé et aujourd’hui encore, lorsqu’on parle de lui, on parle de « petit pigeon », ce cocu alcoolique.

De la violence tout court…

C’est malheureux à dire mais nous sommes tous de potentiels violents. Hommes comme Femmes.

Et pire, nous préparons une génération qui sera encore plus violente que celle-ci.

Nous préparons des hommes qui lèveront la main sur leurs femmes parce qu’ils ont été élevés dans une société où c’est la norme de « corriger »…

Nous préparons des femmes prêtes à supporter ces coups, à se taire et à avancer parce que « c’est ce que doit faire une femme… »

Regardez autour de vous, la violence n’est plus un tabou. La télévision nous le montre tous les jours. Ce sont les « victimes » qui sont devenues taboues. Hommes ou femmes, ils se taisent de peur d’être montrés du doigt, de peur de salir une réputation, de peur… de se faire passer pour des victimes.

La violence dans le couple n’est pas une question de genre. C’est une question de force, qu’elle soit physique ou mentale.

La violence dans le couple est tolérée, sponsorisée par cette société où il vaut mieux se taire pour éviter de souffrir encore plus.

Sponsorisée par des parents qui ramènent une femme battue chez son conjoint au nom de la convenance (et d’une pseudo réconciliation temporaire)

Sponsorisée par les parents qui élèvent leurs enfants à coup de chicote, sans leur proposer l’option du dialogue…

Sponsorisée par le regard des autres qui jugera si jamais un homme ose se montrer faible devant sa femme…

Sponsorisée par toi qui me lit car oui, j’en ai parlé. Et alors ?

Au terme de ta lecture, tu compatiras. Si t’es sympa, tu partageras. Mais de toi à moi, ça changera quoi ?

On sait ce qui se passe et demain, lorsqu’un voisin sera en train de frapper sa compagne, tu compatiras encore ; des blogueurs en parleront encore et la vie continuera.

A toi qui est victime… Il est temps que tu dises « NON ». Il est temps que tu te rebelles. Avant qu’il ne soit trop tard.

Avant que tu ne rejoignes la tombe.

Ta vie est trop précieuse pour qu’elle se termine sous des coups.

Tu as un choix à faire. Fait le bon.

Bref, rangez les mouchoirs! On ne pleure pas encore et allez voir les articles des challengers officiels de cette nouvelle saison.

Arsdy – Obone –  Leyopar – Tchoupi – Elie – Yann

Lisez également Anna et Thierry qui écrivent en marge du TBC, comme moi.


Pourquoi je ne fête pas l’indépendance du Congo

Bonjour le monde, Mboté Congo.

Si ce n’est pas la première fois que vous passez sur mon blog, vous savez sûrement que je suis congolaise, ressortissante fière de sa capitale économique Pointe-Noire aka Ponton la belle.
Aujourd’hui, 15 août, nous fêtons notre indépendance.
J’ai souri en écrivant cette phrase. Le mot semble gros et la farce plus grande encore.
Nul doute qu’à la fin de cet article (ou avant même), on m’aura collé une étiquette de pseudo-panafricaniste ou mieux, d’opposante. Parce que c’est ainsi que ça fonctionne au Congo, il est préférable de penser tout bas ce que l’on voudrait dire tout haut.

56 ans d’indépendance… Quel bilan?

Bienvenue au Congo Brazzaville, pays exportateur de pétrole et de nombreuses richesses inexploitées dont le bois, ressource trop négligée.
Bienvenue chez moi.
En ce jour de fête, la question à se poser est la suivante : quel est le bilan de ces 56 ans d’indépendance?

  • Le même Président qui est là depuis 3 décennies : Son excellence Denis Sassou Nguesso, 72 ans, est au pouvoir depuis 33 ans. J’éviterais d’en dire plus…Tout le monde sait ce qu’il y’a à savoir.
  • Le système éducatif qui est passé d’un des plus prisé du continent à un des plus honteux. Les étudiants de l’université publique nationale vous diront mieux que moi dans quelles conditions se déroulent les cours et si vous parcourez les capitales africaines et européennes, vous verrez que les congolais représentent très souvent un bon nombre des étudiants étrangers. Victimes d’un exode et à la recherche du savoir. On se cherche comme on peut.
  • On importe tout… TOUT! Que produit donc le Congo à une échelle suffisamment grande et en qualité pour pouvoir prétendre devenir exportateur? Merci de ne pas me parler du pétrole qui représente 90% de nos exportations. Nous importons tout. Même la simple boîte d’allumette nous vient de nos voisins camerounais. Une honte qui, 56 ans d’indépendance plus tard, semble ne déranger personne.
  • La liberté d’expression prise en otage… Au Congo, il semblerait qu’il vaut mieux ne rien dire trop haut, trop fort. Des activistes aux opposants, les geôles de nos prisons nationales sont prêtes à accueillir quiconque ne se pliera pas à la volonté d’un Tout puissant gouvernement grand nom de chez nous. Donc, si jamais je venais à disparaître, ne cherchez pas trop loin.
  • Chômage… Où sont passés les emplois que l’on promet à la jeunesse congolaise depuis de nombreuses années? Malgré les grands diplômes de certains, ils demeurent d’éternels stagiaires dans des compagnies de la place. Ici, nul besoin d’avoir un doctorat lorsqu’on porte le bon nom ou que l’on vient du bon village. Faites un tour dans nos ministères, vous serez étonnés de voir que très souvent les liens familiaux sont favorisés par rapport aux compétences.

Vrai vrai…On fête quoi?

Mon problème ne vient pas du fait que, quoiqu’on dise, l’indépendance reste fictive. Nous restons à la merci du colonisateur. Mais je n’entrerais pas dans les grandes discussions de ce néo-colonialisme que tout nos Etats africains semblent assumer sans trop de peine.
Je voudrais simplement demander : que fêtons nous ?
Cette année, au Congo, le défilé traditionnel se déroule à Madingou. Nous aurons droit aux mêmes festivités arrosées de bières et de discours prometteurs où on nous décrira ENCORE un chemin d’avenir qu’on a du mal à voir.
On nous parlera des routes construites, du nouvel aéroport aux normes internationales et, comme la période s’y prête, on parlera sans doute de nos athlètes envoyés aux Jeux Olympiques de RIO, dont une belle représentation de Sino-congolais et d’un judoka désormais connu pour avoir tenu 44 secondes. Oh Yes we can!

Mais sont-ce là les priorités? Au Congo, dans certaines écoles, les élèves font cours à même le sol, les impayés dans la fonction publique ressemblent sûrement à notre dette internationale et le niveau de chômage est tel que même les petits métiers manquent.
C’est cela que nous fêtons?

Indépendance du Congo : pourquoi je ne la fêterai pas…

J’aime profondément ce pays qui m’a vu naître mais je reste sans voix quand je vois que 56 ans après cette fameuse indépendance, le bilan reste négatif.

Nous restons dans la même routine de promesses et d’acclamations. Les choses n’avancent pas et pourtant, certains se remplissent les poches au vu et au su de tous.

Je sais que pour espérer vivre au Congo, il vaut mieux ne rien dire, ne rien voir et ne rien entendre. La population n’a pas tellement le choix, le pays a été pris en otage.

Je ne fêterai pas cette dépendance, je ne jouerai pas au jeu qui veut que l’on applaudisse, que l’on décapsule bière après bière à la gloire d’un « hold up » organisé où les seuls gagnants sont ceux qui souffrent le moins dans ce pays.

Je disais donc au début de cet article que la farce en elle même me faisait rire. Le Congo fête 56 ans d’indépendance.

A 56 ans, pour un homme, c’est la période de la sagesse, des accomplissements et surtout, la période où l’on se prépare à céder la place à une autre génération après avoir posé des bases.

Où en sommes-nous?

Je ne fêterai pas la dépendance du Congo… mais à vous qui le faites, je vous souhaite d’avoir les bonnes raisons de vous dire congolais et fiers.