Samantha Tracy

La révolution digitale n’aura pas lieu

Chers amis, la révolution « digitale » n’aura pas lieu. Vous avez certainement lu cette phrase et donc au vu des avancées technologiques de notre chère Afrique, je comprends que beaucoup d’entre vous aient froncés les sourcils en me lisant. Permettez donc que je reformule. Chers amis blogueurs, influenceurs de tous bords, administrateurs de groupe Facebook et whatsapp, lanceurs d’alertes sur Twitter… La révolution via le digital n’aura pas lieu.

Révolution (Nom féminin, singulier) : Changement, un bouleversement important et brusque dans la vie d’une nation.

Vous vous demandez sans doute d’où me vient pareille inspiration? Eh bien, la blogueuse et activiste Befoune demandait dans une récente publication où étaient les jeunes, ceux là même qui ont des devoirs.

J’ai répondu , comme à mon habitude, avec un grain d’ironie.

Oui, les jeunes sont là. Ils sont bien présents et depuis la réussite de quelques campagnes pour attirer l’attention de l’opinion publique, ils sont désormais tous devenus défenseurs des causes publiques, de la veuve et l’orphelin, des immigrés et des victimes de nos dictateurs…derrière leurs écrans.

En 2012, alors que les sénégalais se levaient pour réclamer l’alternance, les blogueurs et autres influenceurs du Web ont parfaitement joué leurs rôles. C’était à qui dénonçait et à qui twittait le plus vite. Des plateformes sont nées et des leaders se sont élevés. Pourtant, ce n’est que lorsque les foules ont envahis les rues au rythme d’un Y’en a marre que la révolution a aboutit, que le changement a suivi. Burkina. Vous avez vous aussi suivi le combat des hommes intègres à travers les réseaux sociaux, les appels patriotiques et les directs Facebook où nos coeurs sursautaient au moindre bruit. Là encore, les influenceurs ont vu leur objectif atteint seulement lorsque les populations sont sorties dans les rues.

Pourquoi je vous raconte tout cela?

Simplement parce que je pense que dénoncer ne suffit pas et envoyer vos nos frères livrer un combat plus dangereux que celui que vous livrez derrière votre ordinateur est…lâche. En 2015, le Congo Brazzaville vibrait au rythme d’un Sassoufit dont les principaux initiateurs étaient tous à l’abri derrière un ordinateur. Mieux, plusieurs appels à lutter venaient de ceux là même qui -volontairement ou pas – n’étaient pas en mesure d’être eux aussi dans les rues. Des hommes et des femmes se sont levés, se sont battus et sont tombés. Malheureusement, le combat s’est vite épuisé dans les rues quand bien même il restait intense sur Internet.

Où je veux en venir?

A une réponse à la question de Befoune. Les jeunes africains qui doivent se battre pour des lendemains meilleurs, pour une société plus responsable, pour un meilleur niveau de vie…Cette jeunesse est sur Internet. Plus précisément sur Facebook, sur Twitter, sur Snapchat. Beaucoup d’entre nous – Oui, je m’inclue-  mènent un combat juste, dénoncent et portent haut leurs idées de changement. Malheureusement le plus grand nombre d’entre nous, citoyens digitaux, oublions que pour que notre combat aboutisse… Il faudra le rendre réel. Tôt ou tard. Et non pas se contenter – tels des généraux – de motiver des troupes qui iront vers un combat plus physique dont nous seront les premiers épargnés. Pensez vous que nos gouvernements ne lisent pas notre mécontentement? Ils le font, ils en rient et laissent au temps, la charge d’enterrer un bad buzz crée par un de nos Tweets.

Oui, vous me citerez les Activistes de tout bord qui – pour certains – sortent parfois du digital pour porter leur message dans le monde réel. Mais nous parlons ici d’une  jeunesse qui reste en grande majorité, cloitrée dans un rôle passif où elle exprime ses sentiments au gré de clics et de mots clés (hashtags).

D’ailleurs, en parlant de nos activistes; combien -dans la vie réelle – assument ouvertement les propos qu’ils écrivent en 140 caractères? J’espère qu’on ne parle pas de ceux qui critiquent l’Europe (par exemple) et que l’on voit faire des courbettes ambassades après ambassades pour obtenir un visa. Ceci était une parenthèse.

A quoi ça sert de dénoncer si nous sommes incapables de mettre en place des stratégies collectives qui feront prendre conscience à nos dirigeants de toute la force de notre révolution digitale? A quoi ça sert si notre combat virtuel n’a rien à voir avec notre vie réelle? Si vous avez la réponse, je suis preneuse.

Il est vrai que nous avons de belles réussites de campagnes, comme la très récente #faisonsLesComptes du togolais Aphtal Cisse. Mais il n’en demeure pas moins que pour certaines causes, il faudra enfin aller plus loin que la simple dénonciation.  Dénoncer, sur internet, c’est un premier pas, c’est un premier acte de bravoure et je n’oserai jamais jeter la pierre à ceux qui font ce premier pas mais ce qui serait intéressant, c’est de transposer d’une façon ou d’une autre NOS coups de gueules digitaux pour en faire de vraies forces dans notre quotidien, dans nos communautés. Et d’être enfin de vraies forces qui sauront influer sur les décisions de nos sphères politiques ou économiques.

Alors?

Pour la petite anecdote, un ami parlait de moi en me présentant comme une « activiste congolaise ». Titre que je refuse toujours car je pense simplement être une citoyenne congolaise qui entend profiter de sa liberté d’expression, qui a des choses à dire et qui exige des réponses. Cette position qui est mienne, ne me donne pas le droit d’inciter des gens à faire plus que ce que je ne saurais faire, moi même. Alors, au delà des coups de gueules poussés…Il faut savoir rendre les choses réelles. Et rendre notre engagement réel, ce n’est pas forcément de sortir dans les rues ou de faire des manifestations …C’est de voir plus loin qu’un simple Tweet, qu’un simple article, qu’une simple prise de position. C’est travailler à utiliser consciencieusement les outils que nous maîtrisons pour œuvrer à rendre ce monde plus juste.

Plus que n’importe qui, je crois en la force du digital. Et je sais qu’elle est une des voies de dénonciation et de contestation inévitables. Mais j’aimerais que vous aussi, vous vous posiez cette question : A quoi ça sert de dénoncer si nous sommes incapables de mettre en place des stratégies collectives qui feront prendre conscience à nos dirigeants de toute la force de notre révolution digitale? A quoi ça sert si notre combat virtuel n’a rien à voir avec notre vie réelle? Pour rappel, si vous avez la réponse; je suis preneuse.

Voilà, c’est dit.

Chers amis blogueurs, influenceurs de tous bords, administrateurs de groupe Facebook et Whatsapp, lanceurs d’alertes sur Twitter…


Dépression…Ce tueur silencieux

J’ai passé une journée des plus normales. Une magnifique journée qui s’est terminée sur une note d’amitié et de fraternité. Je rentrais chez moi lorsque j’ai croisé des jeunes filles, à peine la vingtaine. L’une d’entre elle pleurait et ses deux autres amies essayaient de la réconforter, tant bien que mal.

Touchée, je me suis approchée pour leur proposer mon aide.

Donnez lui un peu d’eau…Attendez, elle va s’asseoir là…

En me voyant arriver à la rescousse, les deux autres filles sont littéralement tombées, elles aussi. Je me suis donc retrouvée à 23h, dans la rue, à réconforter des parfaites inconnues.

La première – celle qui pleurait le plus – répétait en boucle une phrase.

Pourquoi elle a fait ça… Pourquoi elle a fait ça ?… Pourquoi ?

Curieuse, j’ai réussi à poser la question entre deux tapes sur son épaule.

Elle… Elle a fait quoi ?

Les filles se sont regardées et entre deux sanglots, m’ont répondu.

Elle s’est suicidée.

Pour la petite histoire – et d’après leur récit – une de leur amie a mit fin à sa vie, dans le pays où elle était partie poursuivre ses études. Je n’ai pas eu assez de précision sur la victime, les lieux ou les faits mais j’ai appris qu’elles s’étaient parlé toutes les quatre,  il y’a quelques jours. Que tout allait pour le mieux et ce soir, elles ont appris que leur amie avait mit un terme à sa vie, dans sa chambre d’étudiante, seule et silencieusement.

Surement gênées de s’être confiées à une parfaite inconnue, les trois jeunes filles se sont levées d’un même pas et ont disparu – larmes aux yeux – dans la nuit.

Je suis restée un moment debout. Choquée. Peinée. Impuissante.

« Je vais bien », ce mensonge au quotidien…

Crédit Photo : Clovis TOUGMA

En analysant cette histoire, je me suis rendu compte que ce n’était pas la première fois que j’entendais parler d’histoires de suicide ou même de tentative de suicide. Généralement, la personne qui a commit l’acte est taxée « d’idiote ». Je me souviens d’ailleurs que plusieurs fois, j’ai jugé ces actes sans en savoir le pourquoi.

Pourtant, combien de fois ai-je moi-même répondu « Je vais bien » alors qu’au fond de rien n’allait et qu’il me fallait puiser au fond de moi pour trouver la force de sourire ?

Et je ne pense pas être la seule.

Pourtant, autour de nous, les salamalecs sont devenus un simple rituel où les phrases sont pré-écrites et où il faut répéter un éternel dialogue.

  • Comment tu vas ?

  • Je vais bien. Et toi ?

  • Ca va. Merci

Les mêmes mots, les mêmes questions et très souvent, pas les mêmes sentiments. Mais qui y prête attention ?

« La dépression ? lol… C’est un truc de blanc, ça ! »

Je ne vais pas m’avancer en donnant des chiffres erronés mais dans les différents milieux que je côtoie, rares sont les personnes qui prennent au sérieux les histoires de dépression.

D’ailleurs, lorsqu’on parle de Psychologue ; le mot est très vite associé à la folie. Ou mieux, dans la croyance populaire… la dépression est une maladie de blanc. Ou de riche. Ça dépend du contexte.

J’en parlais il y’a quelque temps avec un ami qui n’a pas hésité à me dire, je cite :

Dépression ? C’est pas un mal ça…Quand tu as faim, que tu as soif, que tu es endetté…Tu n’as pas le temps de déprimer. Tu dois chercher comment t’en sortir.

Peut-être !

Pourtant, des gens s’ôtent la vie. Sans raison apparente. Sans aucun signe que ça n’allait pas. En silence.

En Afrique, être dépressif c’est être marginalisé. Certains l’associent même à du « M’as-tu vu? ». Selon eux, c’est pour se faire voir que l’on prétend être déprimé.

Mieux, beaucoup d’entre nous – africains – se disent qu’il est impossible que l’on soit dépressif, au vu de la forte culture de socialisation dans laquelle nous vivons. Il y’a généralement toujours quelqu’un pour nous écouter.

Pourtant, des dépressifs; il y’en a! Des gens qui se meurent dans un silence impuissant, face à ce qui ne semble pas être une maladie.

Crédit photo Jidaley via pixabay

Noire et psy… Le blog !

Il y’a quelques jours, j’ai découvert le blog « Noire et psy ». Un blog où un psychologue partage ses connaissance, analyse des comportements et donne des conseils… très orientés – tout de même – vers les noirs.

Vous serez sans doute tenter de demander pourquoi elle met l’accent sur le « Noire »…Je ne lui ai pas (encore) demandé mais j’estime que c’est sa façon de faire passer son message. Surtout pour le continent.

Son approche simple des différentes situations de la vie encourage les gens qui ne croient pas s’y connaissent pas – à la psychologie – à en apprendre davantage.

Un excellent point pour le blog que je vous invite à découvrir.

Ma thérapie…

J’écris cet article parce que j’ai été chamboulée. Parce que je ne vais pas bien et que voir la détresse de ces filles a été comme un miroir pour moi-même. Le plus bêtement du monde, je me suis demandé pourquoi cette fille – que je ne connais toujours pas – a décidé de mettre un terme à sa vie. Comment a t-elle prit en âme et conscience, la résolution d’en finir ? Comment…mais surtout Pourquoi ?

« Quand tu es la seule personne à te soucier de toi…C’est qu’il est grand temps de couper certains ponts et d’ouvrir d’autres portes »

Crédit photo freepht via Pixabay

C’est cette phrase qui m’a tout de suite traversé l’esprit en jetant un œil sur ma propre vie. Je me suis demandé combien de personnes arrivaient à voir ma tristesse derrière mes sourires ? Ma faiblesse derrière ma force ? Ma peur derrière mon courage ? Mes regrets derrière mes espoirs ?

Je me suis posé la question et la réponse m’a brisé le cœur : Je pourrais les compter sur les doigts de ma main.

Rassurez-vous…Ceci n’est pas un testament ou une lettre d’adieu. C’est simplement une grosse prise de conscience devant ce monde qui nous entoure.

Demain, en sortant de chez moi… Je ne serais plus machinale. Je vais tenter de remplacer mes habituels salamalecs par des vraies questions et offrir l’attention qu’il faut pour trouver les réponses. Les vraies.

Ce soir, j’ai rencontré trois jeunes filles qui ont perdu un être cher. Elles ont disparu dans la nuit mais m’ont laissé un bout de leur peine, de leurs regrets.

Et si j’avais fait attention à ses larmes ? Et si j’avais vu qu’elle ne souriait pas ? Et si j’ai ignoré sa tristesse ?

Autant de questions désormais sans réponses.

A vous qui savez détecter un SOS derrière les « Je vais bien » et les faux sourires…Dieu vous bénisse. Vous sauvez des vies.


Pâques au Sénégal : L’unité a un goût de Ngalakh

Je vis au Sénégal depuis 10 ans maintenant. Oui ! 10 ans – bientôt 11 – pendant lesquels j’ai appris à m’attacher au pays de la Téranga. Au delà des bruits du Dakar culturel, des plages de sable fin de Saly, de la vieille ville de Saint-Louis ou même de la verte Casamance, il y’a une chose qui me rend amoureuse du pays de Léopold Sédar Senghor : le Ngalakh.

A la veille de la Pâques chrétienne, le Ngalakh – dessert local très prisé – est attendu dans toutes les familles. Chrétiennes comme musulmanes.

Signe de fraternité et de cohésion sociale entre musulmans et chrétiens, ce mets – pas si simple à cuisiner – est le symbole de ce Sénégal laïc, ouvert et tolérant.

Crédit photo Congerdesign via Pixabay

Le Sénégal, pays de l’Afrique de l’Ouest de près de 14 millions d’habitants ; est majoritairement musulman (94%). Les chrétiens, principalement catholiques, représentent 5% de la population et les croyances traditionnelles sont créditées de 1%. C’est un pays réputé pour sa tolérance religieuse. En effet, il n’est pas rare de voir dans les rues de Dakar, des membres d’une même famille ayant des croyances différentes.

Dans la société sénégalaise, le « Amen » côtoie facilement le « Amine ».

Fêter Pâques au Sénégal

La Pâques est la commémoration chrétienne la plus importante. Elle commémore la résurrection du Christ et est précédée par la semaine Sainte au cours de laquelle se revit la passion du Christ,

Si vous êtes chrétien nouvellement arrivé au Sénégal, vous serez certainement surpris de voir que Pâques est une fête très attendue. Tant chez les chrétiens que chez les musulmans.

Quelques semaines avant, vous remarquerez d’ailleurs – sur les réseaux sociaux – que de nombreux musulmans rappellent à leurs amis chrétiens que la « pâques arrive ». De la même façon, les chrétiens n’hésiteront pas à taquiner leurs proches musulmans à l’approche de la Tabaski. C’est le Sénégal ! Li moy Sunugal.

Depuis des décennies, le Ngalakh (prononcer ngalar) est symbole de la cohésion sociale. A l’image de la viande de mouton qui est gracieusement offerte aux chrétiens par les musulmans lors de la Tabaski, les chrétiens s’emploient aussi à offrir ce dessert à leurs proches d’une autre confession.

Le Ngalakh, c’est quoi ?

Crédit Photo Ngalakh via talkforeigntome.com

Le Ngalakh est un dessert au Sénégal. Son ingrédient principal, le Karaw ou Araw, est genre de couscous obtenu à partir du millet. A la différence du Tchiakry qui est fait avec de la crème aigre ou – modernité oblige – avec du yaourt, le Ngalax est assaisonné avec de la pâte d’arachide et du « bouye », fruit du baobab. Il est souvent agrémenté de noix de coco rappé ou de raisins secs. Pour préparer ce délice – pour les langues et les cœurs – vous aurez besoin d’un tamis très fin et de beaucoup de patience.

Sa préparation n’est toutefois pas simple car il faut trouver le bon dosage pour éviter que le mélange soit trop pâteux ou trop liquide, que l’on sente trop le gout de l’arachide et moins celui du bouye, qu’il y’ait trop de noix de coco ou de raisins secs.

Tout un art. Tout un défi.

C’est connu ! Au Sénégal, pour chaque fête religieuse, il y’a un plat spécifique. Du poulet de la Korité (Aid El Fitr) au mouton de la Tabaski (Aid El Kebir) en passant par le Tiéré de la Tamkharit (Achoura), il y’en a pour tous les gouts. Et chaque moment passé autour d’un bol où s’emmêlent les mains, est une occasion de raffermir les liens.

Le Ngalakh…Ce témoignage cordial

Nous sommes déjà le jeudi saint et alors que la veillée pascale se prépare dans les églises, les femmes s’affairent à mettre au point les derniers réglages avant d’entrer en cuisine. Il faudra calculer les quantités afin de n’oublier personne. Le Ngalakh est souvent un moyen de rappeler à ses voisins ou à ses proches qu’ils sont importants. C’est aussi l’occasion de nouer des liens avec un nouveau voisinage ou…de préparer l’arrivée de la Tabaski.

Vous l’avez compris ! Bien loin des qualités gustatives qui rendent le Ngalakh populaire, c’est davantage la symbolique de ce qu’il représente. Parfois, il vient de loin pour transmettre un message de paix, d’amour, de fraternité.

Ce n’est pas simplement un gout dans la bouche, c’est surtout un gout dans le cœur. Une sorte de rappel pour dire « J’accepte ta différence et je suis heureux que tu acceptes aussi la mienne ».

Le Sénégal a beaucoup de leçons à apprendre au reste du monde. Plus je passe du temps ici et plus j’en suis convaincue. C’est notre devoir – en ces périodes troubles – de cultiver cet esprit de partage et d’acceptation car oui, il n’y a pas de guerres entre les religions. Les guerres viennent de l’interprétation qu’en font les gens.

Demain – Si Dieu le permet – la chrétienne étrangère ne sachant toujours pas faire du Ngalakh, que je suis ; recevra sa part de Ngalakh. Et entre deux cuillerées, je remercierais le ciel d’avoir guidé mes pas dans ce pays où le « Amen » fait si bien écho au « Amine ».

Bonne fête de Pâques.


Pasteurs-stars : quand Dieu devient un fond de commerce

« Eglise, Dieu ne dort », « Eglise rendez-vous céleste », « Eglise pour la santé spirituelle en Christ »… Je pourrais continuer – pendant des heures – à citer les noms plus ou moins loufoques des églises qui, désormais, s’implantent à chaque coin de rue.

Chrétienne pratiquante, je suis de ceux qui croient réellement en la puissance divine et je témoigne – sans honte aucune – que Jésus est mon Seigneur et sauveur.

Seulement, j’ai un problème. Un gros problème. Les Pasteurs stars.

 

Généralement habillés à la dernière mode, entourés d’une cours de fans fidèles et de garde-du-corps, le verbe facile et une tendance à se croire en constante représentation… Je vous présente les « Pasteurs stars ».

Stars dans leurs églises, créés souvent de leur propre initiative et tout puissants décideurs, ils sont devenus incontournables sur les scènes francophones et anglophones de l’Afrique. A coup de croisades d’évangélisation, de « nuit du destin », de prières prophétiques… Bref événement en événement où – en fin de compte – les seules stars s’appellent « Prophète », « Bishop », « Ministre de l’évangile ».

Bienvenue dans ce monde où la religion est devenue un fond de commerce.

Avant que vous ne continuiez cet article, sachez que je ne citerai ici aucune église comme bonne ou mauvaise, comme vraie ou fausse mais que je reviens simplement sur un phénomène qui fait du mal à la société et au christianisme.

Tu veux être riche ? Crée un bar. Ou une église.

La première fois où je commence à m’interroger sur l’appel de certains de nos pasteurs, date de 2003. Je venais d’avoir 13 ans et un matin, à deux ruelles de chez moi ; j’ai appris qu’on construisait une nouvelle église.

Le futur pasteur de la future église était un « tonton » du quartier. Il s’était réveillé un matin et avait eu la révélation de son appel. Ainsi naquit son église qui, des années après, a su le mettre à l’abri du besoin.

A cet âge là déjà, je me suis demandé si on créait une église comme on crée un bar. Il faut dire qu’à cette période, églises et bars fleurissaient dans ma petite ville de Pointe-Noire.

C’était la période des « églises de réveil » qui naissaient en masse et puisaient de nouveaux fidèles dans les églises catholiques et protestantes du pays, déjà bien implantées.

Un vrai commerce de la foi ! C’était à qui remplirait les anciens cinémas, les stades, les écoles… transformés chaque dimanche en lieu de culte.

Avec l’avènement de ces églises sont venus les Pasteurs stars ! Que dis-je ! Les Bishop, les Prophètes et autres catégories de hauts-gradés du royaume des cieux.

Une toute autre histoire.

Crédit photo VinnyCyro via Pixabay

Pasteur, ce métier qui nourrit son homme…

Enfant, j’avais appris qu’être pasteur était un appel, une vocation, un don de soi. C’était des hommes – et des femmes – qui choisissaient de consacrer leurs vies à Dieu en devenant serviteurs de Dieu.

Et de leurs frères.

Et je pense que c’est là que le bât blesse.

Le Pasteur-star est un « homme de Dieu », très souvent auto-proclamé et à la tête d’une église dont il a été lui-même le fondateur. Il vous dira qu’il a reçu un appel divin, lui donnant l’ordre de créer une église au nom évocateur.

Le Pasteur-star se fait appelé « Papa », il est toujours bien habillé pour « représenter Dieu » et les cultes qu’il officie ont des airs de concert de super-stars.

Comment ?

L’entrée en grande pompe, entourés de « gardes du corps » ou simplement de frères, responsables de sa sécurité. Les foules de fidèles se battent pour essayer de le toucher, hurlant à tue-tête son nom.

Il n’intervient pas avant qu’un « prophète » ait chauffé la salle. Ordonnant aux mauvais esprits de s’en aller et demandant au Saint-Esprit de se révéler. Après cette « première partie », le Pasteur-Star prendra enfin la parole.

Je n’entrerai pas dans les détails du vrai ou du faux. Qui suis-je pour le faire ? N’empêche que trop souvent ces Pasteurs – stars sont davantage mis au devant de la scène. Tellement qu’on oublie parfois qu’ils disent porter un message de salut. Mais là encore c’est une autre histoire.

Le Pasteur- star vit aux dépends de ses fidèles fans. Et pour la petite histoire, il y’a quelques années, pendant un culte le Pasteur a prit la parole pour encourager les fidèles à soutenir le petit commerce de « mama Pasteur ».

Je reprends ses mots.

C’est Dieu qui a décidé que nous fassions ce ministère. Nous n’avons pas de salaire. C’est vous qui nous donnez. Si vous ne soutenez pas le commerce de votre maman, qui va le faire ?

Mieux. Un jour, alors que j’étais chez elle, une grande sœur a reçu un appel disant que le propriétaire du local où l’église – dont elle est membre – était installée, réclamait son loyer. Engagée avec quelques autres personnes à payer ledit loyer, il manquait sa part pour que le paiement soit fait. Elle traversait une période très dure à ce moment et a dû s’endetter pour répondre à ses obligations.

Je vais faire court et éviter de parler du commerce qu’ils font, sous couvert de Dieu : vente d’huile d’onction, d’eau bénite, d’huile de massage spirituel… Un vrai business.

Il faut le dire ! Beaucoup de Pasteurs, sous leurs statuts d’ « hommes de Dieu » se font entretenir par leurs fidèles, mettant en avant leur saint-sacerdoce.

Autant dire que « Pasteur » est un métier qui nourrit bien son homme.

Crédit photo Geralt via pixabay

Ignorance ou fanatisme ?

La Bible dit « Mon peuple périt, faute de connaissance » (Osée 4:6). Vous connaissez sans doute cette phrase.

Je suis loin d’être une sainte mais j’ai trouvé dans le christianisme, la vraie définition de l’amour. Une notion qui fait que je suis en constante recherche de réponses à mes questions. Aussi, j’ai bourlingué (et je bourlingue) dans différentes églises, différentes doctrines, différentes pratiques du culte.

Je reste pourtant bouche-bée lorsque je vois comment les gens se plient à certains rituels, sans en connaître le pourquoi. Simplement, parce que « Mon Pasteur a dit ».

Sérieusement ?

Vous verrez ainsi dans de nombreuses églises, des fidèles qui donnent plus de crédit à l’interprétation de la Bible faite par leur Pasteur qu’à ce que la Bible dit elle-même.

« Amen » qui signifie « Qu’il en soit ainsi » est d’ailleurs le mot le plus dit lors des cultes. Un « Amen » à tout et à rien.

Pour la petite histoire, cette vidéo, de ce Pasteur – très connu en Cote d’Ivoire – qui gifle une dame et menace l’assemblée entière de mort. Réponse commune ? Amen. Qu’il en soit ainsi.

https://www.youtube.com/watch?v=7q4mpXnGEgE

 

Avec le temps, l’Afrique est un des continents où la religion – peu importe laquelle – est la plus pratiquée. C’est un art de vivre, c’est une obligation du quotidien. Selon certaines études, la pauvreté et la misère poussent de nombreuses personnes à la rencontre de ces Pasteurs-stars qui prêchent un évangile de prospérité et de guérison. Ils promettent monts et merveilles et en retour, demandent – sournoisement – à ce que les fidèles passent à la caisse.

Il faut donner pour que Dieu vous donne.

Dieu, ce fond de commerce…

Je n’ai rien contre les églises. Je n’ai rien contre les croyances et les doctrines des uns et des autres. Le salut, c’est ce que l’on dit, est individuel.

Mais comme je le disais au début de ce billet, j’ai un GROS problème avec ces Pasteurs – stars qui « au nom de Dieu », s’appuient sur la misère des uns et sur les souffrances des autres, pour se faire un nom.

Ils vivent tels des Patrons d’entreprise, voyageant ici et là ; donnant des conférences à travers le monde, s’attelant à partager le message du salut.

Jusque là, je n’ai aucun problème avec ça. Chacun devrait d’ailleurs pouvoir partager sa foi, sans blocage aucun.

Mais où est passé l’humilité ?

Celle qui se lit dans chaque ligne qui parle de Christ, le modèle par excellence de chaque chrétien. On ne peut pas se dire « serviteur de Dieu », sans pour autant servir les personnes autour de vous. Impossible !

Pourtant, c’est ce qui se fait.

Je disais donc que j’ai un gros problème avec les « Pasteurs stars ».

Ceux qui font des shows – Non, ce ne sont plus des cultes – en costume cravate de marque, pendant que leurs « brebis » sont dans la misère.

Ceux qui étalent leurs richesses, prétextant « l’évangile de la prospérité » et arguant que leur donner, c’est donner à Dieu.

Ceux qui critiquent les autres églises et les autres religions dans le seul but de remplir LEURS églises.

Ceux chez qui le Saint-Esprit a des horaires, des jours et des prix de consultation définis à l’avance. Tu veux le mariage ? Vient le jeudi. Tu veux le boulot ? C’est le mardi.

Vous l’avez certainement compris mais je le répète encore : j’ai un GROS problème avec les « Pasteurs – stars ». Si vous en connaissez – PARDON – faut leur dire que Jésus c’est pas leur camarade.

Bisous.


LUNDI MATIN : Guide de survie en jungle sociale

Flemme.

Un mot. 6 lettres. Et la parfaite description de mon humeur de ce matin.

Une humeur qui ressemble drôlement à celles des lundi précédents. Lundi après lundi. Semaine après semaine. Parce que – il faut se le dire – le lundi n’est absolument pas mon jour préféré.

Avant que vous ne continuiez votre lecture, sachez que cet article s’inscrit dans le cadre du mondochallenge, petit exercice où nos confrères de la mondosphère prennent un malin plaisir à faire écrire 3 des leurs sur un thème imposé. TDK, Fafa et moi-même nous prêtons donc à l’exercice. Le thème ? Lundi matin ! Bonjour la créativité !

Après avoir découvert – en classe de 6eme – que j’aurais cours de mathématiques les lundi à la première heure, ce jour s’est naturellement imposé comme le jour que je détestais le plus. Même après que notre proviseur ait allégé les choses en nous donnant 3 heures de permanence le même jour. Le mal était fait.

Avec l’âge le temps, les choses ne se sont pas améliorées. Le réveil est toujours plus dur le lundi matin. le ciel est moins bleu et mon humeur est constamment grincheuse. Vous imaginez donc que je ne suis assurément pas la personne qui a le plus envie de sociabiliser. J’ai juste envie de laisser s’égrener les heures jusqu’à la pause déjeuner car oui ! En général, après 13h ; ça va déjà mieux.

Mais comment survivre aux 12 premières heures du premier jour de la semaine ? La réponse en 5 points.

Ne me remerciez pas.

Un lundi se prépare… la veille !

Je ne sais pas pour vous mais en règle générale, ma déprime pré-lundi commence le dimanche à partir de 18h. Oui, à l’instant même où quelqu’un juge bon de me rappeler que ma vie n’est pas un week-end perpétuel.

Ohh ! Demain c’est lundi !

Rien qu’à entendre cette phrase, je sens monter en moi un sentiment de nervosité grandissant. Est-ce que vous avez vraiment besoin de me le rappeler ?

1 – Astuce de la veille : profiter et planifier

Depuis peu, je m’arrange à terminer mon dimanche soir sur une note plutôt sympa. Dimanche dernier par exemple, j’ai enchaîné mojitos, yogourts, thé, anecdotes et fou rire dans la bonne humeur avec les mondoblogueuses Alexandra et Lucrèce. Une dose de bonne humeur (et de fatigue) qui m’a conduite au lit. Assez tôt et avec le sourire.

Apéro entre blogueuses

Aussi – autant que possible – je choisis d’avance ma tenue et je règle mon réveil à une heure raisonnable. Une seule heure !

06h45… Dieu, que je déteste le lundi !

C’est exactement ce que je me dis chaque lundi (ou presque) lorsque retentit ma sonnerie de réveil.

Entre la douche, l’habillement, le make-up et le choix (important) des chaussures ; je suis généralement trop occupée pour pouvoir bouder. J’agis en automate.

Je sors de la maison en vérifiant si mon petit-frère est vivant (Oui ! Oui ! C’est toujours la question que je lui pose) et je sors en maudissant mon trousseau de clés. Toujours est-il que cette partie est la plus supportable. Je suis seule. Mon humeur n’a d’impact que sur moi.

2- Astuce des premières heures : musique… et écouteurs !

Depuis quelques mois, je commence la journée avec de la musique. En général, du gospel. Mon son du moment est une bonne dose d’énergie d’ailleurs et puisque je loue le créateur entre deux coups de brosse à dent ; impossible d’en vouloir au monde.

Lorsque je sors de chez moi, j’enfonce directement mes écouteurs pour continuer en musique avec ce titre « made in chez moi ».

En général, j’ai même un semblant de sourire en descendant les escaliers.

La grosse galère… Les taximen !

J’avais déjà parlé de ma relation très controversée avec les taximen dakarois. Ils sont à 90% la raison pour laquelle j’arriverais ronchonne au bureau ou avec un sourire poli pour rassurer tout le monde. La plupart du temps, ils préfèrent me pourrir mon début de journée. Et ils réussissent parfaitement bien.

3- Astuce d’un transport réussi : avance sur le chrono !

J’essaie, autant que possible, de sortir plus tôt de chez moi. L’idée étant de ne pas stresser sur la lenteur des taximen dakarois. Je prends donc le temps de voir défiler le paysage, sans faire une course mentale avec les aiguilles de ma montre et donc, stresser pour le chauffeur qui s’est pris pour mère Théresa et cède le passage à tout le monde.

C’est bénéfique ! Bénéfique ! J’en viendrais même à aimer et le lundi, et les taximen du lundi.

Interdit de faire la gueule : on sociabilise…

La partie la plus compliquée de mes matinées du lundi, c’est surement l’arrivée au bureau. La fameuse partie du « film » où il faut dire bonjour, faire la bise et essayer d’être gentille, de poser des questions à propos du week-end passé.

Alors, tu as fait quoi ce week-end ?

Oh la routine… Rien de bien neuf.

Je ne suis pas une grande fan de ces premiers moments d’échange. Un « bonjour » me suffit amplement.

4- Astuce pour une arrivée en toute discrétion…

Ce n’est pas que je n’aime pas les gens. C’est juste que je suis invivable le lundi matin. Je n’ai généralement pas envie de partager de longues discussions sur la vie de famille de X ou les activités de Y. J’ai déjà beaucoup de mal à accepter que le week-end soit déjà fini ; permettez que je m’abstienne de tout commentaire.

Souvent, j’opte donc pour le « passage incognito », en mode agent 007 pour filer directement dans mon bureau. J’ai effectivement besoin d’un temps d’acclimatation avant de m’y mettre.

Jamais sans mon café… Ici commence le bonheur !

Le gros de mes plaisirs du lundi matin se résume à un mot : café !

Je ne sais pas trop comment l’expliquer mais c’est à ce moment là que peu à peu s’opère la transition, entre mon humeur grise et un rayon de soleil qui se force à venir illuminer ma journée. #GodBlessCoffee

5 – Astuce d’un moment pour soi…

Vous sortez d’un week-end où d’une manière ou de l’autre, vous avez fait un focus sur vous. C’est en étant conscient du travail qui vous attend que vous stresser et que pour vous protéger, Vous érigez naturellement des barrières entre vous et les autres. Prenez donc un petit moment pour vous !

Oui, avant de vous jeter entre les dossiers trop urgents, les combats avec l’imprimante, les collègues qui veulent vous faire complexer sur leur bonheur… Prenez un moment pour vous.

Certains envoient des textos d’amour, d’autres papotent ou encore mettre une autre dose de musique. Moi, je prends mon café dans MON mug qui a le genre de message à me donner le sourire.

Auto-complimentation de mise : Je suis une bombe!

Voilà donc mon lundi matin et 5 petites astuces pour égayer votre début de journée. Parfois ça marche, parfois pas. Parfois on est bien, parfois pas. Mais on fait avec. On a pas le choix.

Dans tous les cas, plus de la moitié de la population de la terre continue à détester le lundi.

Ce lundi qui nous rappelle que nous avons des responsabilités, des objectifs à atteindre, des devoirs, des deadlines et surtout… qu’on va devoir attendre 4 autres jours avant le week-end.

Bref, je déteste le lundi matin.

 


Entrepreneurs 2.0… Ces vendeurs d’illusions

Chers entrepreneurs, comment vous dire ça ?

Mieux, comment le dire le plus simplement possible ?

« Entreprendre n’est pas un métier ».

Avant que vous ne continuiez ce billet ou même que vous commenciez à fulminer devant votre ordinateur sur la phrase – oh combien énervante – que je me permets d’écrire ; revenons quelques mois en arrière.

Il y a quelque mois, j’ai assisté à une présentation dans un Institut Supérieur de la place. Une amie m’avait convaincue d’aller à cette présentation que donnait un jeune et brillant entrepreneur. Du moins, c’est ainsi qu’elle avait présenté la chose. En termes tellement élogieux que je me suis dit qu’on n’apprenait jamais assez.

Résultats des courses ? Du vent ! Rien que ça.

Pour résumer, ce jeune homme – entrepreneur à temps plein depuis 5 ans – parlait d’une idée qu’il avait et n’avait pas encore vu le jour. Pas encore.

A son actif, aucune réalisation, si ce n’est sa page Facebook où il passe des journées à donner des conseils qui devraient pousser des jeunes à « travailler pour eux-mêmes » et (ce sont ses termes) à ne jamais dire à quiconque « Patron ».

Ce jeune homme – brillant vendeur de vent – est à l’image de nombreux jeunes qui se permettent aujourd’hui de vendre l’entrepreneuriat comme la manne, la solution à tous les problèmes du chômage sur le continent.

A coup de longs textes sur les réseaux sociaux, ils se présentent – avec une humilité feinte – comme des « Messies » sortis du système et ayant dépassé la dure période de recherche d’un emploi… parce qu’étant devenus employeurs eux-mêmes.

Gros mensonge.

Entrepreneuriat… KESAKO ?

Déjà, évitez le trop connu « Entreprenariat ». Si le mot est très utilisé, il convient plutôt d’écrire « ENTREPRENEURIAT »

Pour Franck Knight et Peter Druker, l’entrepreneuriat consiste à prendre des risques. Pour ces spécialistes du management, l’entrepreneur est une personne qui est prête à mettre en jeu sa carrière, sa sécurité financière pour mettre en œuvre une idée. Mieux, il est prêt à mettre son temps et son capital dans une entreprise risquée.

Dans une définition plus moderne, l’entrepreneuriat c’est la capacité d’un individu de créer de la richesse ou dans un sens moins lucratif, de faire adopter un comportement.

Entreprendre suppose donc deux choses : prendre des risques ET mettre une idée en œuvre. Nous ne parlons pas forcément de production de richesse mais de mise en œuvre d’une idée. Rien que ça.

Entreprendre

Entrepreneurs 2.0… ces vendeurs d’illusions professionnels.

Je suis – sans être de la génération Z – une jeune femme qui vit plutôt bien dans ce monde digital. Ce monde qui veut que tout se dise et tout se sache.

En 2015, Umberto Eco qualifiait les réseaux sociaux en particulier « d’invasion d’imbéciles ».

Ils ont donné le droit de parole à des légions d’imbéciles qui, avant, ne parlaient qu’au bar, après un verre de vin et ne causaient aucun tort à la collectivité. On les faisait taire tout de suite alors qu’aujourd’hui ils ont le même droit de parole qu’un prix Nobel.

Les réseaux sociaux ont effectivement donné la parole à tout le monde et à n’importe qui. S’il est vrai que certains VRAIS entrepreneurs donnent de précieux conseils, il y a également ces entrepreneurs auto-proclamés « coach » qui pensent donner des leçons sur une expérience quasi-inexistante. Et Dieu sait que j’ai mis « quasi » pour rester polie.

A coup de « Moi, je… » , ils décrivent l’entrepreneuriat comme la voie à suivre pour chaque jeune qui veut marquer ce monde et encouragent les étudiants à entrevoir l’entrepreneuriat comme la porte du succès. Citant leurs échecs comme des exemples à suivre et la phrase clés restée la même depuis des années : « Le plus important ce n’est pas combien de fois tu tombes mais combien de fois tu te relèves ».

Ils sont effectivement de plus en plus nombreux à s’autoproclamer « Entrepreneurs ». Les plus inspirés vous donneront même une carte de visite avec ce mot comme seule indication et parleront longuement d’un projet qui n’en est toujours qu’à l’étape d’idée. Vendant le rêve d’une vie où ils changent le continent. Euhh…

En attendant, le seul risque que prennent ces entrepreneurs, c’est de rester derrière leurs ordinateurs à écrire plagier des textes pour motiver embobiner une jeunesse déjà trop perdue et sans repères. Dépendants – pour un grand nombre – des finances de papa et maman, ils ont google comme meilleur ami.

Entreprendre

Ce qu’il fallait dire…

Il est vrai que le titre de cet article pourra prêter à confusion. Précisons donc les choses. Je respecte PROFONDÉMENT les entrepreneurs, les vrais. Ceux qui ont choisi de prendre le risque de réaliser leurs rêves et qui se battent pour que les choses se fassent.

Un exemple qui m’a toujours épaté reste celui de Mariama Touré. Communicatrice de talent qui décide de lancer le 1er Centre de danses urbaines au Sénégal.

Je me souviens de ma réaction lorsque j’en ai entendu parler : What the fuck ! Oh My God!

Mon esprit parfois trop carré se demandait comment il était possible de tout lâcher pour mettre en place une école de danse, en sachant que ce n’est pas dans les habitudes africaines de payer pour apprendre à danser.

Trois ans plus tard, c’est avec le sourire et beaucoup de fierté que je vois sa réalisation mais encore plus, je suis touchée lorsqu’elle n’hésite pas à dire que c’est avec beaucoup de travail et de sacrifice qu’elle en est arrivée là.

Croyez-moi, si vous la rencontrez après une des longues journées comme elle en a le secret, elle vous dira ce qu’il fallait dire… ce n’est pas facile.

Parce que oui, c’est ce que trop d’entrepreneurs – coachs – vendeurs d’illusions professionnels oublient de dire. Entreprendre, c’est difficile. Ce n’est pas un tour de passe-passe, votre compte en banque ne se retrouve plein à craquer du jour au lendemain.

Avant de quitter votre emploi…

Oui, vous en avez marre de dire « Oui, Patron » mais si vous voulez quitter votre emploi pour entreprendre, ne le faîtes surtout pas sur un coup de tête.

D’ailleurs, vous pouvez entreprendre en étant tout de même salarié quelque part ailleurs. Vous devrez travailler plus dur mais vous aurez de quoi tenir, en attendant d’être autonome.

L’histoire de Steeve jobs est tellement inspirante mais il y a un pas entre lire et faire. Un énorme pas.

Avant de voir l’entrepreneuriat comme l’ultime solution…

Je ne vous dit pas le nombre de jeunes fanatiques que je rencontre et qui osent me dire qu’ils ne chercheront pas un boulot mais seront illico presto leurs propres patrons… C’est la chanson à la mode.

 

Mais Samantha, il n’y a pas d’emploi. Et puis pourquoi travailler pour les rêves d’un autre quand on peut avoir le sien ?

Ma réponse est simple.

Pour apprendre.

Au delà du « Oui, Patron » que personne ne veut dire, il y a l’expérience qui s’acquiert avec le temps. Des choses qui ne s’apprennent pas toujours sur les bancs de l’école.

Les associations d’entraide et de soutien aux jeunes entrepreneurs ne font malheureusement pas grand chose, si ce n’est d’organiser des réunions pour prouver à leurs partenaires qu’ils travaillent.

Avant de tout perdre…

En me lisant, vous penserez peut-être que je suis contre l’entrepreneuriat. Que nenni ! Je pense sincèrement que c’est une des solutions pour faire avancer le continent. Mais que ce n’est pas la seule et unique solution.

Si vous souhaitez entreprendre, allez-y ! Mais gardez la tête sur les épaules et sachez que même si les prétendus gourou-entrepreneurs ne le disent pas : TOUT LE MONDE NE PEUT PAS ENTREPRENDRE.

Rien à voir avec le dessin animé « Ratatouille » où tout le monde peut cuisiner. Nous sommes dans la vraie vie et c’est un fait, nous ne sommes pas tous fait pour entreprendre.

Alors essayez, donnez le meilleur de vous, vivez votre rêve… mais sachez quand arrêter. Et tentez autre chose.

Soyez patients, soyez réalistes aussi car dans cette aventure que vous aurez choisi d’entreprendre, vous serez SEUL.

Oui, ceux qui vous encouragent ne seront certainement pas là lorsqu’il faudra boucler des fins de mois difficiles alors prenez-en note : vous ne pourrez compter que sur vous même.

Et ça, on ne vous l’a pas assez dit.

 

 


CAN 2017 : Les femmes ne s’en FOOT pas…

La Coupe d’Afrique des nations a officiellement débuté. Dans un stade vide. Si il est vrai que les gabonais ont décidé de boycotter le plus grand rendez-vous footballistique du continent, il n’en demeure pas moins que loin des stades du pays de Aubameyang ; des millions de téléspectateurs suivent avec passion les rencontres derrière leur petit écran.

Des petits, des grands, des hommes…mais surtout des femmes ! Oui, des femmes ! Oui, la plupart d’entre elles ignorent ce qu’est un hors-jeu, beaucoup ne comprennent absolument pas pourquoi le PSG ne joue pas contre le Sénégal et certaines continuent à croire que Samuel Eto’o Fils va débarquer dans la sélection camerounaise.

N’empêche qu’apparemment, une femme qui aime le foot… ça plait drôlement aux hommes. N’est-ce pas Mesdames ?

Maintenant que ces Messieurs se sont tous mis à l’heure de Libreville, voici 05 règles qui feront que votre homme accepte que vous suiviez un match avec lui. Ou ses potes.

A propos des bases…

La Coupe d’Afrique des Nations Total– autrefois Coupe d’Afrique des Nations simplement – est la plus grande compétition de football en Afrique. Elle est organisée par la Confédération africaine de football chaque 02 ans depuis 1957 et permet aux sélections nationales du continent de prétendre au titre.

Depuis 2013, la CAN se joue pendant des années impaires pour éviter qu’elle corresponde avec la période de la coupe du monde, qui se joue tous les 04 ans.

Une affaire de supporter…

Un supporter est différent d’un footballeur. Retenez-le bien. Votre chéri, assis dans son fauteuil, bière à la main et l’air énervé n’est pas un joueur. Sauf les dimanches où il se convainc qu’il aurait pu avoir la carrière de Drogba. Votre chéri est un supporter. Maintenant que ceci est clair. Allons « droit au but ». Prenez un carnet et notez les règles à retenir. 

Règle 01 : Les commentaires doivent attendre la mi-temps.

Oui, vous avez remarqué que il y’a un type qui s’appelle KATSANDE dans l’équipe du Zimbabwé ( Ndlr: Nom ressemblant phonétiquement à une insulte en wolof). Oui, vous ne comprenez pas pourquoi l’équipe nationale du Togo s’appelle « Les éperviers ». Oui, vous trouvez que Aubameyang a une tête bizzare… Bref ! Tout commentaire qui ne soit pas d’ordre technique devra attendre la mi-temps. Soit après 45 minutes de jeu. Ou plus.

Règle 02 : CAN 2017, être à fond dans son rôle de supporter.

En parlant de l’équipe que votre chéri supporte, on ne dit pas :

  • « Ils ont gagné » mais « NOUS avons gagné »
  • « Nous avons perdu » mais « Ils ont perdu ».

Oui Mesdames, la notion de fair-play se fait rare en période de CAN. 

Règle 03 : Les autres ne peuvent pas gagner honnêtement…

Quand l’équipe adverse a gagné, il y’a forcément une mauvaise raison. Je vous en donne quelques unes à crier avec beaucoup de conviction.

  • Pffff…Ils ont acheté l’arbitre

  • C’est la faute de l’entraineur

Règle 04 : Savoir ce qu’est un hors-jeu et pouvoir l’expliquer…C’est sexy !

Mesdames. Celles d’entre nous qui ne connaissent absolument pas le football et qui essaient d’attirer l’attention en faisant croire qu’elles préfèrent largement le ballon rond à une série de Novelas TV. Ceci est pour vous.

Qu’est-ce qu’un hors-jeu ?

Copyright Adopteunlook.com

Je vous l’explique de façon très Girly.

Imaginez.

Vous êtes dans une boutique (terrain de foot). Au fond, juste derrière la caissière, il y’a une paire de chaussure magnifique. C’est votre but. Le ballon est votre sac à main et c’est votre amie (co-équipier) qui l’a.

Entre vous et la paire de chaussure, il y’a une dame qui s’apprête à passer à la caisse.

La règle est simple : Vous ne pouvez pas doubler la dame AVANT d’avoir récupérer votre sac. Si vous doublez la dame AVANT que votre amie (qui a compris que vous voulez acheter la fameuse paire de chaussure) ne vous lance votre sac (ou fait une passe hein! )…C’est un hors-jeu. Il faut avoir le sac, avant de passer devant la dame.

C’est compliqué ?

Au pire retenez juste que hors-jeu = Mauvais!

Règle 05 : A propos des pays…

Vous vous demandez surement pourquoi le Congo Brazzaville, le Bénin ou le Niger ne jouent pas. C’est simple. Pour passer en “phase finale” de la CAN, il faut se qualifier après des matches éliminatoires qui détermineront les 15 sélections nationales à participer à la CAN. Le pays organisateur étant qualifié d’office.

Qualifiés CAN 2017 – Copyright CAF Online

Cette année, vous suivrez donc Le Cameroun, La RDC, Le Togo, Le Mali, L’Algérie, Le Maroc, Le Sénégal, Le Zimbabwé, La Cote d’Ivoire (champions en titre), le Gabon (pays organisateur), Le Burkina-Faso, La Tunisie, le Ghana, l’Ouganda, L’Egypte et la Guinée Bissau qui est à sa première participation pour une phase finale. Les rencontres se déroulent du 14 janvier au 05 février 2017. Voilà ! Vous êtes désormais prêtes à bluffer ces Messieurs. Enfin, j’espère! 

CAN rime avec retrouvailles, compétition et patriotisme. Mais depuis quelques années maintenant, le sport-roi devient une arme de séduction massive.

Ces dames charment avec l’assurance d’un Eto’o fils. Elles parlent de Foot en citant les stars du continent. Elles font leur pronostiques et regardent le foot comme un vrai supporter maso ivoirien … Si avec ça, vous êtes jolie, intelligente, douce, câline et légèrement têtue…Vous vous rapprochez dangereusement de la femme parfaite de ce millénaire.


Sommet de la Francophonie : Viens ! Que je te raconte Tana…

J’ai posé mes bagages à la suite d’un long périple entre Dakar – Nairobi – Antananarivo, capitale de Madagascar.

Invitée à la formation MONDOBLOG se tenant durant le Sommet de la francophonie, j’ai eu le privilège de passer une dizaine de jours dans cette ville colorée que l’on croirait sortie directement d’une vieille carte postale.

Vue depuis la ville Haute - Crédit photo : Mathias V / Mondoblog. Antananarivo 2016
Vue depuis la ville Haute – Crédit photo : Mathias V / Mondoblog. Antananarivo 2016

J’aimerais tellement vous raconter « Tana » mais je ne pourrais vous transmettre l’émotion qui m’a habitée en faisant sa connaissance. Je me contenterais donc de retracer les grandes lignes de mon périple…

Bonjour le monde. Ici Samantha Tracy, de Dakar à Antananarivo.

Bienvenue à Tana…

L’arrivée à « Tana », petit nom de la Capitale malgache ; s’est faite sans trop de soucis. Il faut dire que l’Organisation internationale de la Francophonie avait mis les petits plats dans les grands pour nous accueillir : Visa de courtoisie et non-obligation de faire une longue queue d’attente. #Merci

Au sortir de l’aéroport avec les autres blogueurs, j’ai découvert une ville qui se cherchait encore entre modernité et passé, entre richesse et pauvreté.

Si il est vrai que les panneaux affichaient l’événement de l’année pour cette île, les rues – elles – affichaient le désarroi des populations qui regardaient passer les convois des décideurs de ce monde en sachant que leur présence ne changerait rien à leur quotidien.

Les vieilles Renault – des taxis – pour la plupart du temps, encombraient les petites chaussées et aux nombreux embouteillages, des enfants en guenilles ainsi que des femmes d’un certain âge ; venaient frapper aux vitres du bus. Ils demandaient la charité.

Rue de Tana - Crédit photo : Clara Delcroix / Mondoblog. Antananarivo 2016
Rue de Tana – Crédit photo : Clara Delcroix / Mondoblog. Antananarivo 2016

Bienvenue au village de la Francophonie…

Comment vous dire ça ?

Le village de la Francophonie, ce n’est pas Antananarive ! Non ! Impossible.

C’est ce que je me suis dit en arrivant au magnifique village de la Francophonie.

A l’entrée, la sécurité vérifiait chaque sac et s’assurait que nul objet dangereux ne vienne nuire à la fête. Bon point !

Le village était à la fois un espace de promotion culturelle et de promotion commerciale. Les différents pavillons ont été décorés aux couleurs du pays ou de la structure qu’ils représentaient.

Entre deux courses, j’ai eu le temps de vous proposer mon top 5 des stands à visiter obligatoirement.

Le village de la Francophonie, c’était aussi la Place de la musique où pendant toute une semaine se sont produit des artistes de plusieurs domaines. Pour ma part, j’ai été charmée par Bloco Malagasy ; un groupe de jeunes filles, prodiges des percussions. Mais aussi par les slameurs du MadagaSlam qui m’ont fait le plaisir de m’inviter à partager une scène au Sommet International de la Francophonie.

Au risque d’être trop longue, je ne vous parlerais pas de la diversité chaleureuse qui a constitué ce petit bout de monde. Ni même des rencontres extraordinaires que j’ai pu faire. Je me contenterais de vous dire que j’ai eu le plaisir de rencontrer Michaelle Jean, Secrétaire Générale de l’OIF et son Excellence François Hollande avec qui j’ai eu un bref échange. En Slam.

En fin de compte, pour la blogueuse de passage que je suis, le village de la Francophonie a tenu ses promesses. Malgré des délestages fréquents et une connexion internet peu stable…On ne peut malheureusement pas tout avoir !

Mais à côté de cela…

Je disais donc que le village de la Francophonie n’était certainement pas Antananarivo. La différence était de taille. Tant en ce qui concerne les lieux que les personnes qui les fréquentaient.

Comment ça ?

Les malgaches…Ces lésés!

L’entrée au village de la Francophonie était payante. Oui, payante ! Pour le commun des Malgaches en tout cas. Environ 2000 ariary (383 francs CFA); en sachant que la classe moyenne malgache vit avec moins de 3000 ariary par jour (600 francs CFA) et que une grande partie survit avec 500 ariary par jour (100 francs CFA).

Dois-je expliquer à quel point c’est grave ?

Vous comprendrez alors pourquoi on trouvait plus d’habitants de Ivandry que ceux de Anosibe (Ndlr : Quartiers aisé et quartier pauvre d’Antananarivo).

Le village de la francophonie était fermé – il faut le dire ainsi – au grand nombre des malgaches qui, il est important de le souligner ; n’ont pas les moyens de se payer un ticket d’entrée pour vivre l’événement qui met leur pays au centre du monde francophone.

Les hôtels, les commerces, les stands…

Hormis le côté assez commercial du village comme souligné ici, il y’avait le fait que – Ohh surprise ! – les entrées d’argent seraient rentables pour un petit nombre seulement de malgaches, déjà assez nantis.

Au village de la Francophonie par exemple, j’ai été surprise d’entendre une des vendeuses parler de ses expériences dans certaines contrées lointaines. Une grande dame de toute évidence. Grande dame qui me regarda d’ailleurs dédaigneusement lorsque j’ai tenté de négocier le prix d’une pochette qu’elle me vendait à 10.000 ariary (2000 francs CFA). Pochette que j’ai achetée par la suite à 3000 ariary (600 francs CFA) au marché local « Pavillon ».

C’est à se demander combien coutait la location de ces stands ? Est-ce que les petits commerçants ont eu leur chance d’exposer ?

Bref ! Tellement de questions et si peu de réponses.

Même constat au niveau des hôtels, des restaurants et des commerces où les propriétaires sont majoritairement des indiens. Une communauté assez présente à Madagascar et remarquée par son poids économique. Des commerces les plus modestes aux plus développés.

En somme, le Sommet de la Francophonie ne semble guère avoir été bénéfique pour la population malgache moyenne. Juste un étalage de comment l’Etat malgache pouvait – finalement – dépenser utiliser l’argent du contribuable.

Liberté d’expression prise en otage

Un « code de la communication médiatisé » jugé « liberticide » par les professionnels de la Communication et de l’Information, les membres de la société civile malgache, les activistes, les blogueurs et les simples citoyens a été promulgué par le Chef d’Etat dans sa version contestée. Une atteinte à la liberté d’expression qui a poussé le mouvement pour la liberté d’expression (MLE) à adresser cette lettre aux états participant au Sommet de la francophonie. Pour quelle réponse ? Aucune.

Manifestants au bord de la route. Crédit photo : Fatouma H / Mondoblog. Antananarive 2016
Manifestants au bord de la route. Crédit photo : Fatouma H / Mondoblog. Antananarive 2016

Puisque hormis quelques manifestants réclamant leur liberté de s’exprimer, tout semblait aller dans le meilleur des mondes à Antananarivo.

Africains ? Nous ?… Non ! Malgaches !

Alors que je sillonnais le village de la Francophonie, camera en main ; j’ai aperçu un groupe de jeunes que j’ai vite fait de rejoindre. Alors qu’ils me parlaient de leur ville, je leur ai demandé si ils se sentaient africains.

Africains ? Non ! Nous sommes malgaches !

Image d'illustration. Diversité culturelle représentée sur les murs. Crédit photo : Maristé C/Mondoblog. Antananarivo 2016
Image d’illustration. Diversité culturelle représentée sur les murs. Crédit photo : Maristé C/Mondoblog. Antananarivo 2016

Je ne saurais dire si cela fait partie de leur éducation mais à entendre ces jeunes d’environs 20 à 22 ans, il existe un culte de la « clarté » à Madagascar. Cheveux lisses, teint clair et français parfait : Voilà comment il faut être.

Pourtant, avec le sourire, une d’entre eux n’a pas hésité à me dire qu’elle allait se faire lisser les cheveux tous les samedis et a même accusé son amie d’utiliser du « pandalao » – crème éclaircissante – pour garder un teint plus clair. Plus malgache.

Je crois qu’on est plus indien…Chinois…Je sais pas ! Mais pas africain ! D’ailleurs, on ne s’est pas détaché de l’Afrique ! Plutôt de l’Inde. Non, on est pas africains.

J’ai choisi de ne pas poursuivre mon interrogatoire. J’ai souris et je suis partie.

Blogueurs dans les rues de Tana. Crédit photo: Mathias V / Mondoblog. Antananarivo 2016
Blogueurs dans les rues de Tana. Crédit photo: Mathias V / Mondoblog. Antananarivo 2016

Je pourrais continuer pendant des heures à parler de cette ville colorée où les habitants sont nombreux, différents, souriant bien que démunis.

Je pourrais parler des petites rues de « Tana » où j’ai rencontré des enfants curieux, des femmes travailleuses, des scouts joyeux entre richesse et pauvreté.

Je pourrais vous parler de nos rires dans les ruelles de la capitale, de la viande de Zébu que j’ai dégusté à toutes les sauces, de la THB qui m’a désaltérée même quand je n’étais plus assoiffée, des petites rues commerçantes où le prix est triplé et où on vous propose directement de payer en Euros…

Je pourrais vous parler de « Tana » pendant des heures, de son soleil qui se lève trop tôt et qui – quand il se couche – est trop beau.

Je pourrais faire ça mais ça ne suffira pas.

Je suis allée à Antananarivo dans le cadre du Sommet de la Francophonie et cela a été une expérience inoubliable et bénéfique pour la jeune femme que je suis.

Si il est vrai que j’ai quitté la grande île avec plein de souvenirs dans la tête et une nouvelle vision du monde, je n’ai pas manqué d’être touchée, frustrée et dégoutée par nos dirigeants qui ferment les yeux sur les malgaches, lésés et en marge de cette célébration.

J’ai d’ailleurs parlé à un jeune malgache qui m’a particulièrement touché. A moi, il a dit avec la voix enrouée et les yeux presque larmoyants :

Ceci n’est pas Madagascar. Où sont donc passés nos mendiants? Nos frères qui crient la misère. En marge de cette célébration, il y’a l’autre Madagascar. Celui que vous ne verrez pas et dont on ne parlera pas parce que trop occupés à ovationner la réussite de ce sommet où les malgaches sont les principaux oubliés. Revient nous voir Samantha…Dans un mois, un an ou deux, et tu verras Madagascar. Celui dont on ne parlera pas cette fois-ci. Pas à ce sommet.

Vue sur Tana. Vrédit photo : Clara Delcroix / Mondoblog. Antananariov 2016
Vue sur Tana. Vrédit photo : Clara Delcroix / Mondoblog. Antananariov 2016

Au revoir « Tana »…Au revoir et à très vite! En espérant que la prochaine fois, ce soit toi… Toi, la vraie « Tana » qui me dise « Tonga soa ». Bienvenue.