Samantha Tracy

Gérer un (bad) buzz sur Twitter : cas de l’apôtre Pierre, celui qui renia Jésus.

Le réseau social Twitter est connu pour être un des canaux principaux par lesquels sont relayés les bad buzz. Sur la plateforme avec l’oiseau bleu, une simple rumeur peut très vite prendre des proportions incroyables : à coup de hashtags et en 280 caractères, des réputations se construisent et se détruisent.

Quelques jours après la célébration de la Pâques chrétienne, imaginez un instant ce qui se serait passé — à l’ère de Twitter — pour l’homme connu comme celui qui a renié publiquement le fils de Dieu : l’apôtre Pierre.

Selon les Évangiles, l’apôtre Pierre — auparavant appelé Simon — est un des disciples de Jésus. Il est considéré comme l’apôtre le plus proche de Jésus. Dans Matthieu 16 : 18-19, Jésus déclare « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église » et à la suite, Jésus dit encore « Je te donnerai les clefs du royaume des cieux ». Texte complet à lire ici.

Chacun des quatre Évangiles rapporte qu’après l’arrestation de Jésus, ce même apôtre Pierre, par peur de risquer lui aussi la mort, nie trois fois connaître celui-ci.

Maintenant que le contexte est posé, imaginez que l’histoire de l’arrestation, du jugement puis de la crucifixion du Christ ait eu lieu en 2022. On parle de Jésus qui serait — sans aucun doute — un personnage public bien connu, largement suivi et aimé. La rumeur selon laquelle son « meilleur » ami l’aurait renié a fuité et comme tout bad buzz qui se respecte, les rumeurs naitront et prendront forme sur mon réseau social préféré : Twitter.

Analyse de la gestion de ce qui aurait pu être un véritable bad buzz.

Bad buzz : késako ?

Un buzz est une rumeur, un retentissement médiatique qui peut être positif comme négatif. Dans le cas qui nous intéresse, un bad buzz est un phénomène de rumeurs négatives qui se déroule et s’amplifie sur Internet. En règle générale, il altère l’image d’une entreprise, d’une marque ou d’une personne publique qui le subit ou qui même le provoque.

Dans la plupart des cas, la rumeur peut être postée par une personne lambda. Souvent, à ce stade, rien n’est vérifié. Pire, il peut être difficile de définir la véritable origine d’un bad buzz et donc, difficile de l’arrêter une fois que la rumeur est lancée.

Prévenir un bad buzz, est-ce possible ?

Pour vous remettre dans le contexte, l’apôtre Pierre renie le Christ en public. Selon la Bible, après son arrestation, Jésus-Christ est emmené chez le souverain sacrificateur (qui était, à cette époque, un haut-ministre, chargé des affaires religieuses). La Bible dit que Pierre suivit Jésus de loin, entra dans la cour et s’assit avec les serviteurs pour savoir comment les choses finiraient.

Alors qu’ils étaient assis, une servante s’approcha de lui et lui dit « Toi aussi, tu étais avec Jésus le Galiléen », mais il nia en disant « Je ne sais pas ce que tu veux dire ».

Ensuite alors que, suspicieux, deux autres personnes l’interpellèrent sur ses liens avec le Christ, Pierre affirma : « Je ne connais pas cet homme ».

Voici le fait, devant témoins, il nia 3 fois de suite de connaître Jésus-Christ.

Mettons tout cela à la sauce Twitter, en 2022.

Dans ces conditions, comment aurait-il pu éviter un bad buzz ? Gars, y a les preuves ! Éviter, on ne sait pas, mais survivre à ce buzz… Oui !

Le petit guide pour survivre à un bad buzz sur Twitter

C’est fait. Jésus a été crucifié et Pierre est dans la sauce. Une sauce internationale même. #PierreLeTraitre est en TT à côté de l’autre type qui serait certainement dans la sauce à la même période : Judas.

Qu’on soit clairs : à cette étape, l’objectif est de limiter les dégâts. On ne peut que sauver les meubles et éviter que le bad buzz ait une ampleur considérable sur l’image future de la personnalité publique.

Voici quelques 5 conseils pour gérer, au mieux, un bad buzz sur Twitter.

  1. Respirez, analysez et ne réagissez pas sur un coup de tête

La plus grosse erreur commise lorsqu’on est face à un bad buzz, c’est d’y répondre instantanément ; sans prendre en compte que l’on peut donner plus de visibilité à une rumeur/information qui aurait pu très vite se faire oublier.

Répondre à une attaque, c’est aussi alimenter la conversation. Et autant ne pas manquer la première prise de parole sur un sujet délicat. Commencez à vous poser ces questions :

  • Qui a publié l’information ? Une personne anonyme ? Personnalité publique ? Est-ce une personne fiable ?
  • Qui sont les personnes qui réagissent à cette publication ? Parle-t-on de plusieurs tweets ou juste de quelques personnes isolées et peu suivies ?
  • Lisez les premiers retours. Y’a-t-il une possibilité de les tourner à votre avantage ?

En répondant à ces questions, Pierre pourra préparer plus facilement sa stratégie et la rendre pertinente.

2. On ne supprime RIEN

Dans le cas de Pierre, des choses ont été dites (et dans notre cas, publiées sur Twitter). Ces tweets sont la preuve irréfutable qu’il a bien dit ne pas connaître le Christ. Vous seriez tenté de les supprimer pour effacer toute trace de cet aveu. Erreur à ne surtout pas commettre.

Dans ce cas, c’est le fait de supprimer un tweet qui est un aveu. Vous attirerez l’attention sur un contenu précis. Et connaissant Twitter, quelqu’un aura vite fait de prendre votre tweet en capture d’écran. Ce « screenshoot », mixé au message Twitter signalant un « Tweet effacé » aura vite fait de vous enfoncer.

3. Des excuses peut-être ?

Dans le cas de l’apôtre Pierre, il a clairement été attrapé la main dans le sac. Il a publiquement nié connaître Jésus-Christ. Les preuves sont là, le (bad) buzz a pris. Sur Twitter, le #PierreLeTraitre et #RenieTonPoteChallenge ont pris de l’ampleur. C’est le moment d’assumer.

Dans ce cas, une courte vidéo d’excuses à insérer dans un thread (pas trop long) serait la bienvenue.

Pierre devra parler avec sincérité, accepter les reproches dont il est l’objet et ne chercher en aucun à justifier son comportement. Il faut absolument reconnaitre les torts et surtout, éviter de minimiser l’ampleur des choses.

4. Keep calm and fais-toi petit… Pierre.

Après les excuses, il y aura une vague de commentaires. Certains jugeront que ce n’est pas assez et d’autres — plus compatissants — accepteront les excuses.

Dans tous les cas, Pierre aurait tout intérêt à ne pas entrer dans une démarche de justification. Les excuses faites : laissez couler (et priez que le buzz sur Judas Iscariote qui se pend après avoir trahi Jésus, prenne vite le relais).

En attendant, Pierre devra se faire petit. Ne surtout pas supprimer le compte. Pierre devra limiter ses interactions ou simplement ne pas en avoir.

5. Et pour finir…

Un bad buzz peut salir de manière durable, l’image d’une personnalité. Il est donc important de communiquer le plus clairement possible sur les actions pour améliorer l’image de la personnalité en question.

Mais que ce soit pour le cas d’une personnalité ou d’une marque, gardez à l’esprit que les personnes qui vous suivent ne sont pas toutes bêtes. Créer de fausses occasions ou de fausses histoires contribueront tôt ou tard à vous faire sombrer à nouveau dans un bad buzz.

L’Apôtre Pierre, en 2022, aurait certainement fait face à un des bad buzz les plus mémorables de sa période. Heureusement pour lui, Twitter et compagnie n’existaient pas encore.

Ce qui n’est absolument pas le cas pour nous. Néanmoins, la prochaine fois que vous devrez gérer un bad buzz (où les preuves sont versées et qu’il n’y a aucun moyen de nier), vous savez maintenant quoi faire.

De rien.


La dot au Congo : chéri, tu dois écrire à mes parents…

Pour qui ne le sait pas encore – et je me demande comment – je m’appelle Samantha Tracy et je suis congolaise. Née à Brazzaville, élevée au rythme de la rumba, des chroniques congolaises et bien sûr, des histoires de ma grand-mère.
Tout cela pour vous dire à quel point le Congo coule dans mes veines et à quel point je suis attachée aux valeurs culturelles de ce pays.

Au vu du titre, vous vous posez certainement la question : écrire quoi Samantha ? Un roman, une chanson ?

Non ! Écrire à mes parents. Une lettre, noir sur blanc. Avec des mots soignés et ses intentions précisées. Parce que si ailleurs le « veux-tu m’épouser » se fait en posant le genoux à terre…. Au Congo, on écrit aux parents. Noir sur blanc.

Le Congo Brazzaville, en version longue République du Congo est un pays situé en Afrique centrale et riche de ses 65 tribus. C’est un pays – malheureusement – trop ouvert à la modernité et dont les traditions se perdent lentement mais très surement. Rescapé de cette perte de traditions, le mariage coutumier qui –même s’il tend à être dénaturé – reste une des dernières parcelles coutumières dont le Congo refuse de se défaire. A tort ou à raison ? Là n’est pas la question.
Toujours est-il qu’au Congo Brazzaville, avant de dire oui, devant les Hommes et devant Dieu, il faut obligatoirement se plier à la tradition : se marier coutumièrement.

Écrire aux parents…

Traditionnellement, une femme congolaise ne peut « accorder » sa main à son petit-ami, sans l’aval de sa famille. Et toujours traditionnellement, on ne présente pas un « petit-copain » à ses parents. On présente un prétendant, un « homme qui a écrit ».

Au Congo Brazzaville, écrire aux parents revient simplement à officialiser une relation et à demander à rencontrer la famille. C’est la première étape qui mène vers la dot. Selon les ethnies, c’est soit le prétendant qui écrit directement la lettre adressée à son futur beau-père ou alors un représentant de la famille, généralement un oncle.

La lettre, souvent accompagnée d’une somme d’argent symbolique ou d’une bouteille de vin, sollicite une rencontre pour une présentation mais aussi, demande que la famille définisse la dot pour le mariage de leur fille.

La réponse, généralement favorable, revient également via une lettre que la famille adresse au futur-gendre. On convient d’une date pour la première rencontre des familles.

Une lettre écrite noir sur blanc.

Le mariage coutumier chez les Kongo…

Un des groupes ethniques qui reste encore très attaché aux détails du mariage coutumier est « Les Kongo ». Pour ces bantous, le mariage –quel qu’il soit – ne saurait être célébré sans passer par l’étape de la tradition.
Si mon chéri passe par ici vous avez l’intention d’épouser une congolaise, ceci pourrait faire office de schéma classique.

La présentation : premier vin, Malavu Ma Ntété

Cette cérémonie très intime permet aux parents directs de la jeune fille, de rencontrer son prétendant. Généralement, elle ne concerne que la famille restreinte des deux futurs époux.
Le jeune homme vient en général accompagné de son père et/ou son oncle ainsi que de sa mère. Ils apportent des boissons destinées au père de la jeune fille. Chez les Kongo, cette rencontre est appelée « Bu kué monika » ou littéralement « La rencontre ».

Les fiançailles : deuxième vin, Malavu Ma Nzolé

Après la présentation, le jeune homme revient à nouveau voir sa belle-famille, de façon solennelle. C’est au cours de cette rencontre que l’oncle (porte-parole familiale dans la coutume congolaise) annonce les intentions de mariage. C’est à ce moment aussi que la plupart du temps, la liste de la dot est demandée.

Chez les Kongo du Pool, l’un des principaux éléments de la compensation matrimoniale est le panier de noix de cola («Mutété Makasu») que le marié doit apporter au matrilignage et au patrilignage de la mariée.
La noix de cola joue ainsi un rôle majeur dans l’établissement des relations d’alliance entre les lignages à travers le mariage coutumier. Rôle social de la Noix de Cola au Congo Brazzaville.
Les fiancés sont appelés « Makangus ».

La dot : troisième vin, Malavu Ma Ntatu – Makuela

« Makuela » signifie mariage. Cette cérémonie est l’aboutissement de tout le processus. C’est la dernière étape qui concrétise le lien entre les fiancés « Makangus » qui deviennent épouse et époux « Kento na bakala ».

C’est lors de cette cérémonie très détaillée que l’homme épouse officiellement sa femme. Du moins, aux yeux de leurs familles. Il donne la dot par la voix de son oncle et sa belle-famille reçoit également la dot par la voix d’un oncle.
La cérémonie est spectaculaire, digne d’une pièce théâtrale millénaire. Il faudrait d’ailleurs que je vous raconte en détails la beauté de cette union traditionnelle. Une autre fois.

La dot n’est pas la même selon les ethnies mais en règle générale, vous trouverez des casiers de bières et de jus, des dame-jeanne de vin de palme, des ustensiles de cuisine, des noix de colas (makasu), des pagnes et surtout, l’indispensable « costume du père ».

Cependant, à cette liste s’ajoute souvent des « amendes » que les familles imposent pour sanctionner le non-respect des règles traditionnelles. Il s’agit souvent des enfants avant célébration du mariage, cohabitation avant le mariage mais aussi, retard quant à l’heure prévue pour la cérémonie et dans les cas les plus exagérés : le niveau d’étude de la jeune femme, le statut professionnel,…

Autant dire qu’à chaque famille, sa dot idéale.

Dans plusieurs ethnies, mieux qu’une bague de fiançailles; on offre de la Cola. RFI

Une tradition en perdition…

Je le disais plus haut. Le mariage coutumier est une des rares parcelles traditionnelles restantes. Et s’il est vrai que les familles attendent toujours de pied ferme les demandes en mariage, la jeune génération – elle – se rebelle.
Il faut dire que ce processus ressemble de plus en plus à un pèlerinage où les avancées se font à coup de centaines de milles. Au Congo, le mariage coutumier est désormais un moyen de se remplir les poches.

L’article 14 du code de la famille au Congo Brazzaville, fixe le montant de la dot à 50.000 francs CFA. Mais aujourd’hui, il faut payer des millions pour espérer régulariser sa situation. Les familles ne se contentent plus des symboliques « lampes à pétrole » censées éclairer la vie du jeune couple, elles demandent des groupes électrogènes. Ou pire, des télévisions Plasma, des téléphones haut de gamme, des abonnements internet ou même des voitures.

Si votre âme sœur se trouve être une congolaise, vous avez désormais la marche à suivre. Dites lui que vous l’aimez mais surtout, apprêtez-vous à écrire à ses parents. Avec conviction et beaucoup de motivation.

En règle générale, les parents congolais ne sont pas compliqués. Les pères lèveront peut-être même leurs verres à votre santé. Mais soyons clairs, même si le monde a bien évolué… Restons traditionnels. Oubliez les emails. La demande, il faudra la faire sur papier.
Pour dire vos intentions et montrer vos bons sentiments. Noir sur blanc.


Santé mentale et médias sociaux : cliquez avec compassion…

La plus belle phrase que j’ai eu à lire aujourd’hui se résume à trois mots : CLIQUEZ AVEC COMPASSION.

Compassion et Internet, voici deux mots qui ont du mal à aller ensemble. On le sait tous, ou presque, Internet c’est la jungle. À l’abri derrière nos écrans, il y a tellement de choses qui sont pensées, écrites, partagées puis amplifiées.

« Les réseaux sociaux ont donné le droit de parole à des légions d’imbéciles qui, avant, ne parlaient qu’au bar, après un verre de vin et ne causaient aucun tort à la collectivité. On les faisait taire tout de suite alors qu’aujourd’hui ils ont le même droit de parole qu’un prix Nobel. C’est l’invasion des imbéciles. »

Umberto Eco

L’impact des réseaux sociaux – et de son lot d’imbéciles – sur la santé mentale des personnes qui s’y trouvent n’est plus à prouver. Chacun à son niveau et chacun avec ses méthodes.

L’impact des réseaux sociaux sur la santé mentale des personnes qui s’y trouvent n’est plus à prouver.
Crédit photo : Mateusz Dach from StockSnap

Une surconsommation de l’information…

En février 2020, alors que la pandémie Covid-19 prenait de l’ampleur dans le monde et atteignait l’Afrique ; je me suis heurté à une évidence : le trop plein d’informations que je recevais via les réseaux sociaux avait un impact considérable sur mes humeurs d’abord puis sur mon quotidien. De Twitter à Facebook, en passant par Instagram et même WhatsApp, je recevais quotidiennement un florilège d’informations – vraies ou pas – qui m’affectait. Ce n’était pas la première fois mais jamais auparavant ma présence sur les réseaux sociaux ne m’avait autant troublé.

J’ai donc décidé de suspendre l’ensemble de mes comptes pour une période donnée.

Une décision bénéfique car j’ai pu remarquer à quel point je pouvais plus facilement contrôler les informations que je recevais et celles que je refusais d’entendre.

Avant cette ère des médias sociaux, notre connexion à l’information était limitée et facilement contrôlée. On regardait la télévision, on lisait un journal ou on choisissait de mettre une station radio. Ou pas. Aujourd’hui, ce n’est presque plus possible.

J’explique.

Il se peut que vous ouvriez votre compte Facebook pour prendre des nouvelles de votre famille mais dans le « défilement » de votre « Timeline », vous tomberez sur d’autres informations, d’autres préoccupations, d’autres nouvelles.

Il en est de même avec Twitter ou Instagram. Nous recevons des informations que nous ne demandons pas.

Nous surconsommons l’information. Même malgré nous.

Cyber-harcèlement, toujours d’actualité

Des études se plaisent à dire que Instagram est sans aucun doute le média social le plus nocif pour la santé mentale des jeunes. En effet, les « timelines » pullulent de modèles qui – bien malgré eux – sapent l’estime de jeunes qui n’entrent pas dans les cases prédéfinies : #FitGirl, #BeauGosse, #CoupleGoal.

Je ne m’aviserais pas à contredire des recherches menées de main de maître mais par expérience, je sais que d’autres réseaux n’échappent pas à la règle des échanges malsains, des commentaires avilissants et des harcèlements en tout genre.

J’ai l’habitude de dire que « Twitter, c’est la jungle ». Et beaucoup seraient d’accord avec moi. D’ailleurs, dans la « Twittosphère » africaine, il n’est pas rare de voir quelqu’un « manger la tontine ». Entendez par là, subir les foudres de personnes mécontentes d’une prise de position ou, plus souvent, d’une fan-base qui vient soutenir une personne très suivie sur les réseaux. Trop souvent, les mots sont durs.

Et si on parlait de santé mentale ?

Il n’est pas rare de voir des gens qui ferment leurs comptes parce que trop touchés par les injures et les commentaires malsains à leur égard. C’est le quotidien de plusieurs personnes sur les réseaux. Il n’est pas rare non plus de lire des histoires où des personnes ont mis fin à leur vie après avoir été persécutés via les mêmes réseaux sociaux.

Qu’on le veuille ou pas, nous sommes tous exposés à des informations qui peuvent – volontairement ou pas – atteindre notre santé mentale, blesser notre ego ou remettre tous nos acquis en question. C’est un fait.

Avant, j’aurais dit « pour les plus faibles d’entre nous, les médias sociaux peuvent s’avérer destructeurs ». Permettez que je modifie cette affirmation : pour nous tous, les médias sociaux peuvent être destructeurs. Volontairement ou pas.

Qu’on se l’avoue ou pas, bon nombre d’entre nous recherchent une certaine approbation sociale sur les réseaux sociaux. On aime recevoir de beaux commentaires, voir que nos stories ont été suivies par un grand nombre de personnes, remarquer qu’on a plus de followers que la veille ou simplement, que le nombre de Likes a augmenté. C’est normal. Là n’est pas le problème.

Le problème arrive dès l’instant où toutes ces choses nous font ressentir une addiction à cette approbation sociale et qu’on attend, des autres, qu’ils nous trouvent plus beaux, plus talentueux, plus drôles ou plus aimés.

Mais que peut-on y faire ?

Je vous l’ai écrit plus haut. Il y a quelques semaines, j’ai ressenti une pression comme jamais auparavant sur mes réseaux sociaux. J’ai décidé, un peu sur un coup de tête, de tous les mettre en pause. Histoire de laisser passer tout le flot d’émotion qui m’envahissait.

D’ailleurs, pour la petite histoire, j’ai célébré mes 30 ans sans recevoir un seul des habituels messages de mes réseaux sociaux. Y compris les déclarations publiques qu’on se plait à toujours faire. Mais ce n’était pas plus mal.

Et j’ai retenu quelques leçons.

1 – Soufflez, vous en avez le droit !

Que ce soit sur Twitter, Instagram, Facebook ou sur un autre média social, vous avez la possibilité de désactiver votre compte pour une période donnée. Et sauf si c’est votre gagne-pain, vous n’avez pas de compte à rendre. Coupez tout et respirez !

2 – Mutez !

Le bouton « Mute » ou « Ne plus suivre » est devenu mon meilleur ami. Lorsqu’un sujet ou même une personne me fait ressentir un sentiment de mal-être, je n’hésite pas à le mettre sous silence.

3 – Prenez des pauses !

Vous n’avez pas l’obligation de tout commenter ou de tout partager. Sauf si vous êtes un influenceur vous gagnez votre vie via ces réseaux. Et encore ! Vous pouvez prendre des pauses et faire autre chose que d’être en train de défiler.

4 – Cliquez avec compassion…

Depuis quelques temps, je me retiens de répondre à tout sur les réseaux sociaux. Parfois, ce n’est pas juste utile. Vous entrez dans un engrenage qui peut vous faire du mal à vous mais aussi à autrui. Du coup, est-ce que toutes les vérités sont bonnes à Twitter ? Tous les sujets sont-ils bons pour être abordés ? Toutes les stories doivent-elles être suivies ?  Je ne pense pas. Il y a des débats que l’on n’a pas besoin d’avoir avec un inconnu. Surtout s’ils s’avèrent stériles. Bref, « cliquez avec compassion ». Pour vous et pour autrui.

En fin de compte, derrière les pseudos et les noms imprononçables que l’on retrouve trop souvent sur les réseaux sociaux, il y a des personnes. Toutes ont des rêves, des peurs, des incertitudes. Toutes, sous l’anonymat de leur connexion Internet, sont des personnes susceptibles d’être atteintes par un acte – en apparence – anodin, sur les réseaux sociaux.

De grâce, la prochaine fois que vous devrez interagir sur vos plateformes sociales, cliquez avec une bonne dose de compassion. On ne sait jamais ce qui se cache derrière un @ sur twitter, une story sur Instagram, un commentaire sur Facebook et un pas de danse sur Tik-Tok.

Cliquez avec compassion, pas seulement pour autrui. Faites-le surtout pour vous. Il y a des informations, des personnes, des sujets qui n’ont rien à faire sur vos réseaux. Débarrassez-vous-en ! Par compassion. Pour vous.


Kayvon Steezie, distributeur agréé de bonne humeur !

Que vous le connaissiez sous l’appelation de Kayvon Steezie, The 5 stars dancers ou alors le biscuit des savanes, vous n’avez pas pu manquer ce jeune homme. Enjoué, plein de vie et prompt à partager ses découvertes et ses coups de cœur. Il ne laisse personne indifférent. Avec ses 39 000 followers sur Facebook, 18 600 sur Twitter et 54 700 sur Instagram, le jeune Ivoirien a su se faire une place dans le cercle fermé des influenceurs africains.

Mais oubliez l’influenceur ! Google en parle assez ! À l’occasion de la journée Internationale de l’homme, je suis allée à la découverte de l’homme, lui-même, en cinq questions.

Suivez-moi !

Benjamin d’une fratrie de cinq enfants, Kayvon, de son vrai nom Kafana Nafo Songrofohl est un danseur et entrepreneur dans le divertissement. Alors qu’il s’illustrait déjà il y a quelques années en tant que danseur et vidéaste, il est désormais l’un des influenceurs sur lesquels il faut compter.

Il y a un peu plus de trois ans que Kayvon s’investit désormais professionnellement dans cette activité. Mais depuis le temps, le jeune homme a touché à de nombreux aspects de la création de contenu avant de trouver cette approche qui lui est propre et qui lui ressemble : un mélange d’humour, de danse et d’échanges directs avec les personnes qui le suivent.

Kayvon Steezie est un créateur de contenu et influenceur ivoirien.

Alors Kayvon, est-ce que tu te définis aujourd’hui comme un influenceur ou plus simplement, comme un créateur de contenu ?

Plutôt créateur de contenu en vrai. Le côté influenceur est un abus de langage de nos jours. Sinon, ça fait 10 ans qu’on fait du contenu pour mettre en avant la culture de chez nous. C’est juste que certaines marques en profitent maintenant pour mettre en avant leurs produits et services.

Qu’est-ce qui te motive dans la vie ? Et, même, qu’est-ce qui te révolte ?

Ce qui me motive, c’est de voir les changements qu’on apporte dans la vie de tout un chacun, pour améliorer les mentalités, l’environnement dans lequel nous vivons et l’interaction avec les autres.

Ce qui me révolte, ce sont les injustices encaissées quel que soit le genre. Ou encore, la négligence des autorités sur des points importants tels que la santé et l’éducation, pour n’en citer que quelques-uns.

Kayvon, le biscuit des ces dames savanes, est aussi un grand défenseur de la cause féminine. Les femmes, il les aime. Il ne s’en cache pas. Mais bien plus, il les soutient et n’hésite pas à accompagner des initiatives qui mettent la femme à l’honneur.

Mais vrai vrai, Kayvon, en tant qu’homme, est-ce que tu te sens privilégié par ton genre ? Professionnellement et socialement notamment.

Bien sûr, hélas. Les femmes prennent beaucoup de coups bas parce que plusieurs parmi nous continuent de profiter de privilèges comme l’autorité qu’ils estiment avoir sur les femmes ou encore la faveur que nous – hommes – pouvons avoir pour l’obtention d’un emploi ou même pour accéder à certains endroits.

En tant que grand fan des femmes, je fais de mon mieux pour faire ressentir le moins ce décalage lié aux privilèges que la société me donne en tant qu’homme, face aux femmes qui m’entourent et me suivent.

Imagine ! Nous retournons 20 ans en arrière. Qu’aimerais-tu dire au petit garçon que tu étais à ce moment-là ?

Wow.. Alors Nafo tu n’as pas à agir d’une certaine manière pour te faire accepter par quiconque. Être parmi les plus cools ce n’est pas la vie, les amitiés ne se forcent pas. Je sais que tu as du mal à te faire entendre mais fait l’effort quand même de parler de ce qui est enfouit en toi. Le cumul de toutes ces pensées, maux refoulés ne va que ralentir ton évolution. Ne soit surtout pas pressé ! Profite de chaque instant de cette vie et soit assoiffé de connaissance ! Les parents peuvent être chiants mais dans le fond ils veulent seulement être sûr que tu deviendras quelqu’un d’aussi bien éduqué et bienveillant qu’eux. Je t’aime fort… On est ensemble. On n’a pas le choix d’ailleurs. 😉

Le 19 novembre, le monde célèbre – de manière presque inaperçue – la journée internationale de l’homme. Un des sujets que l’on n’aborde pas assez dans nos sociétés est celui de la masculinité toxique. Que penses-tu de la masculinité toxique ? A-t-elle influencé d’une manière ou d’une autre l’homme que tu es ?

Ce sont des choses et principes qu’il faut absolument déconstruire parce qu’elles m’ont empêché d’être plus humain que j’aurai pu être dans le passé. Si je comprenais mieux les choses j’aurais eu de meilleures interactions avec les autres dans le passé et beaucoup de choses auraient pu être évitées. Mais il n’est jamais trop tard donc je fais de mon mieux pour passer l’évangile des Nouveaux Hommes de cette société, pour maintenant et les prochaines générations.

Et puisqu’on parle de vous, Messieurs, quelles sont les choses qu’on devrait dire plus souvent aux jeunes hommes et qu’on ne leur dit pas assez ?

Qu’ils ont le droit de se sentir mal, de ne pas avoir envie de faire des choses juste pour suivre les règles de la société, de prendre soin de leur bien être mental aussi bien que physique. Que leur vie ne se résume pas à juste travailler pour s’occuper d’une famille mais travailler parce que ça leur fait du bien et parce qu’ils veulent accomplir leurs propres objectifs. Aussi, que les femmes ne sont pas nos ennemies mais plutôt nos partenaires. Ensemble nous formons une équipe alors le soutien doit être mutuel ainsi que l’amour et l’affection.

On termine par l’habituel mot de fin ?

GUICH😂 ! Bref, merci pour ton apport au changement. Merci d’avoir pensé à moi et m’avoir donné une petite lumière sur ta scène par cette interview. Bonne continuation !

Merci à toi Kayvon. Il ne me reste plus qu’à te souhaiter une bonne journée internationale de l’homme. Et bien sûr, que tu trouves les neuf de mois de quelqu’un très vite*.

*Pour en savoir plus sur cette histoire des neuf mois de quelqu’un… Allez suivre Kayvon sur ses réseaux ! 😉


Merci pour ce moment…

Elle lut la notification du nouveau message reçu par son homme. On pouvait y lire : « C’était très bon, tout à l’heure. Merci pour ce délicieux moment ».

Le téléphone avait vibré et dans un élan de curiosité, elle avait jeté un coup d’œil à la notification qui venait de s’afficher sur l’écran de son homme.

Ils venaient de rentrer d’une soirée arrosée. Durant le trajet en voiture, leurs corps s’étaient cherchés, leurs yeux s’étaient croisés et leurs langues s’étaient goutées. Passionnément, goulûment, indécemment.

A présent, il était sorti de la douche et se tenait nu devant elle. Elle frissonna. Il était grand, beau et décidemment gâté par les dieux. Elle le voulait et son regard à lui seul était la promesse solennelle qu’elle rejoindrait un à un, les sept cieux.

Mais… Le téléphone avait vibré et elle avait vu la notification qui s’était affiché sur l’écran de son homme.

Il y en avait donc une autre.

Eden avait rencontré Nathan lors du mariage d’un de leurs amis. Ils avaient été installés tous les deux à la table des célibataires et avaient fini par rentrer ensemble. Ce soir-là, ils avaient parlé pendant des heures dans la garçonnière de Nathan et s’étaient séparés au petit matin.

Non, il ne s’était rien passé. Pas même un seul baiser volé.

Puis ils s’étaient revus et avaient entamé une relation avec ses hauts, ses bas, ses joies et ses trahisons. Cela faisait bientôt trois ans qu’ils se fréquentaient assidument.

Eden était le feu et Nathan, l’eau. Ils se complétaient autant qu’ils s’aimaient. Ils vivaient à deux cents à l’heure. Ils étaient jeunes, beaux et plein de rêves.

Nathan avait rejoint Eden dans le lit. Elle était allongée sur le ventre. Son corps fin s’étalait sur les draps blancs. Il passa sa main sur sa cuisse et remonta vers son dos. Elle sentit son membre durcir contre elle et se cambra un peu plus. Il l’embrassa dans le cou et descendit vers sa poitrine. Il connaissait chaque courbe du corps d’Eden et elle, savait comment le rendre fou, sans faire un seul geste.

Ils se connaissaient. Tellement.

Beaucoup trop.

Nathan sentit que l’esprit d’Eden était bien loin de leurs ébats.

–  Qu’est-ce qui ne va pas ?

Elle se retourna et lui fit face. Des larmes ruisselaient doucement sur son visage. Elle essayait de comprendre ce qui se passait. Nathan avait donc une autre femme dans sa vie ?

L’idée même lui paraissait insoutenable.

Un soir, après qu’ils se soient disputés, Nathan s’était réfugié chez son ex. Il était rentré le lendemain et sans crier gare, avait avoué à Eden qu’il l’avait trompée. Elle était partie. Il l’avait suivie sous la pluie et l’avait rattrapée alors qu’elle tentait de prendre un taxi. Sous cet orage, il s’était agenouillé et avait imploré le pardon de sa dulcinée. Elle avait cédé.

Depuis, ils avaient tenté de se reconstruire. Lentement mais surement. La confiance qu’Eden avait perdue était revenue peu à peu puis leur complicité avait repris le dessus. Elle demeurait le feu et lui, l’eau.

Elle pleurait.

Il chercha ses lèvres et elle, à l’aveugle, s’empara du téléphone. Il lui embrassa l’épaule, elle lui tendit le téléphone.

–  C’est qui ?

Il regarda rapidement l’écran puis se redressa à demi.

Il ne voulait pas en parler. Il ne voulait plus en parler.

–  Je l’ai revue.

Nathan n’en dit pas plus. Il savait qu’Eden comprendrait.

Il avait été pendant longtemps en couple avec Ayem. Pendant trop longtemps. Lorsqu’ils avaient rompu, il avait eu du mal à s’en remettre. Après cinq ans de vie commune, Ayem s’était envolée pour Londres, sans un regard pour lui. Un an après son départ, il s’était reconstruit et avait fait de la place à Eden, dans sa vie. Seulement, dès que Ayem revenait pour des vacances ou autres, il accourait. Pendant tout le temps de son séjour, il était à disposition. Il profitait de ces courts moments, oubliant en même temps Eden.

C’était devenu une routine. Ayem débarquait chaque année pour ses vacances et lui, trouvait le moyen de passer du temps avec elle. Ensuite, elle reprenait son avion et lui, retrouvait Eden. Son Eden.

Un soir, après qu’ils se soient disputés, Nathan était parti rejoindre Ayem. Encore une fois. Ce soir-là, en rentrant, il avait tout avoué à Eden et avait promis de tourner la page qu’était Ayem.

Mais il avait cédé. Encore.

Eden le savait donc. Eden, toujours allongée sur ces draps blancs, le regard embué de larmes et les lèvres tremblotantes.

Il la prit dans ses bras. Doucement. Tendrement.

Elle se laissa faire et chercha à nouveau ses lèvres. Il l’embrassa. Passionnément, goulûment, indécemment.

Leurs corps se cherchèrent, leurs regards se croisèrent, leurs lèvres se goutèrent encore et encore.

Nathan ressenti un picotement dans le bas de son ventre. Eden appuya un peu plus sa poitrine contre la sienne et glissa, innocemment, sa main sur l’entrejambe de son homme.

Jamais Nathan n’avait vu Eden aussi entreprenante. Il l’imagina ainsi offerte à lui et se durcit. Il la désirait à en avoir mal.

Eden saisit fermement le membre gorgé de sang. Elle le sentit durcir entre ses doigts. Elle sourit. Lui, il gémissait doucement, à chaque va et vient qu’elle effectuait.

Ils s’emmêlèrent et ne firent plus qu’un.

Ils gémissaient à l’unisson et ne faisaient plus qu’un. Elle cria son nom. Il lui murmura qu’il l’aimait.

Ils s’endormirent.

Nathan se réveilla alors que le ciel s’assombrissait. Le vent, qui faisait claquer les volets, avait fini de le réveiller. Il chercha Eden entre les draps. Elle n’était plus là.

Il l’appela. Elle ne répondit pas.

Son téléphone vibra. Il lut la nouvelle notification reçue. Eden venait de lui écrire un message.

« C’était très bon, tout à l’heure. Merci pour ce délicieux moment ».


Donc Aphtal a lancé un challenge à Befoune. Il était question qu’elle écrive un texte en partant du premier pragraphe de ce texte. Tchonté a ressenti le besoin d’écrire et s’est greffée au challenge. J’ai collé le wagon à mon tour.

Voilà où on en est.

Crédit photos : NGPhotos via Iwaria


Maîtresse d’un homme marié, la série sénégalaise qui casse les codes

Le wolof, la langue nationale du pays de la Teranga, n’aura jamais été autant sexy que depuis quelques mois. S’il est vrai que les réseaux sociaux – Twitter en particulier –  pullulent de références sur les succès hollywoodiens Game of thrones et Avengers : EndGame, il n’en demeure pas moins qu’un « outsider » a su se faire la belle part sur la Twittosphère africaine francophone : la série sénégalaise Maitresse d’un homme marié.

Des dialogues en wolof, des acteurs locaux et une diffusion nationale… Tout était pensé pour que la série ait un attrait local. Mais c’était sans compter sur la magie d’Internet et la puissance d’un sous-titrage en français.

Retour sur la grande histoire d’une petite série qui fait parler d’elle.

Recadrons les choses. Je m’appelle Samantha, je suis congolaise, je vis au Sénégal et mon niveau de wolof se situe quelque part entre le « Nanga Deff » *glissé à mes collègues et « Niatala ? »* glissé à un vendeur à Sandaga*. Vous comprendrez donc que je ne suis pas forcément la cible des séries télévisées locales dont les dialogues sont majoritairement en wolof.

Seulement, depuis quelques semaines, je suis une groupie assumée de la série télévisée Maîtresse d’un homme marié. Oui ! Rien que ça ! Une série en wolof, made in Sénégal et qui, a priori, ne m’avait pas identifiée comme potentielle cible.

Mais aujourd’hui – c’est un fait – nous sommes des centaines de jeunes africaines (hommes et femmes) ne parlant pas wolof et désormais obnubilés par les aventures de Marème, Lalla, Dialyka, Racky et Dior.

A la découverte de cinq jeunes femmes…

Dans un Dakar suspendu entre tradition et modernité, Maîtresse d’un homme marié retrace la vie de cinq femmes. Si le titre semble, de premier abord, lié aux problèmes conjugaux, la série met en avant des femmes dont les existences et les histoires interpellent.

Dialyka est une jeune femme dans la trentaine. Épouse, mère de famille et cadre dans une entreprise, elle semble avoir une vie de rêve. Pourtant, dans le secret de sa maison, elle subit les coups et les injures de son mari, l’indifférence de sa belle-mère et le côté traditionaliste de son père.

Sa meilleure amie, Dior, se veut indépendante, libre de ses actes et n’ayant de comptes à rendre à personne ; pourtant derrière son apparence de rebelle se cachent bien des problèmes.

Vient ensuite Racky, jeune femme au passé tumultueux qui entretient une relation complexe avec sa mère. Abusée depuis son plus jeune âge, Racky a une peur maladive des hommes mais en même temps souhaite s’affirmer dans une carrière que l’on dit réservée aux hommes.

Lalla, elle, est la femme africaine par excellence ! Ou du moins, comme la décriraient plusieurs stéréotypes : soumise, patiente, à l’écoute ; elle est épouse, mère, belle-sœur et belle-fille parfaite.

Enfin, Marème est la « maitresse d’un homme marié » et doit vivre avec les restrictions dues à son « titre ».

Ces choses qui ne se disent pas…

J’ai entendu parler de la série Maîtresse d’un homme marié après qu’une polémique ait éclaté sur les réseaux sociaux au Sénégal. En effet, une plainte aurait été déposée devant le Conseil national de régulation de l’audiovisuel accusant la série, principalement, de dépravation de mœurs.

Les débats ayant été lancés, j’ai été curieuse de voir par moi-même ce qu’était cette série et pourquoi elle faisait couler autant d’encre et… de salive.

Produite par Marodi, la série se présente comme une chronique qui raconte des histoires de femmes, au plus près. La réalisatrice et scénariste Khadija Sy met en avant des histoires communes, inspirées du quotidien de femmes sénégalaises, pour mettre au jour ce qui se fait dans le secret.

Loin des habituelles histoires de tromperies abordées par les séries locales, Maîtresse d’un homme marié met le doigt sur des problèmes de société : violences faites aux femmes, alcoolisme, démission parentale, poids de la culture, autonomie de la femme, vie professionnelle, kidnapping d’enfants, secrets d’hommes… Tout y passe.

S’il est vrai que Modou mécanicien a bien fait sourire, il n’en demeure pas moins que c’est avec sérieux et subtilité que d’autres thèmes ont été abordés. Et pour cela, standing ovation au travail d’écriture.

Cette série qui dérange…

Je l’ai dit plus haut, mon niveau de wolof est pitoyable. Surtout lorsqu’on a vécu 13 ans au pays du Thiep Bou Dieune. Oui, j’ai honte . Mea culpa. My bad. Balma !

Par contre, en 13 années vécues au pays de la Teranga, j’ai pu constater à quel point le « Soutoura » – la pudeur, la discrétion à la sénégalaise – était au cœur de presque toutes les relations, les échanges, les réalisations.

Au Sénégal, on ne dit pas toujours tout haut ce qu’on pense déjà très bas. Sauf dans les cas exceptionnels du genre de la blogueuse NK ou… de Maîtresse d’un homme marié.

Parce qu’à en croire une partie des sous-titres en français et le wolof natif de certains de mes amis, dans la série… les termes sont loin d’être pudiques, les expressions non plus. Bien plus, les faits relatés ressemblent drôlement au vécu de certaines personnes qui ont l’apparence de sainteté mais qui, dans le secret de leur chambre, font de bien drôles de choses. Bref, c’est ce qui dérange !

Marème, par exemple, est une femme qui assume ouvertement son statut de « maitresse » aka de « tchiza », tandis que Racky, cette femme qui exerce un métier d’homme, ose dénoncer les abus dont elle a été victime. Avec ça, il y a Dior, cette femme trop indépendante ; Dialycka qui brave l’autorité parentale et Lalla…qui cache bien son jeu. Oui, un cocktail trop dur à boire pour les puristes.

Maîtresse d’un homme marié vient casser les codes habituels et traditionnels de la société sénégalaise. Elle donne la parole à des femmes qui se prononcent et qui dénoncent, des femmes qui n’ont pas peur d’être mises à l’index ou de ne pas correspondre aux attentes. Elles montrent des femmes qui veulent suivre leurs rêves, envers et contre tous.

Cette série, peut-être trop en avance sur son temps, montre un revers de la médaille de la société sénégalaise… et ça, naturellement, ça dérange.

Une série à multiples dimensions…

S’il est vrai que la série se passe à Dakar et que les contextes ne se ressemblent pas toujours, elle touche d’une façon ou d’une autre des réalités propres à l’Afrique.

Depuis que la série a commencé à être sous-titrée en français, une audience panafricaine s’est largement développée. De la Côte d’Ivoire au Togo en passant par le Cameroun et le Bénin, de plus en plus de personnes suivent avec attention l’évolution de la série de Marodi.

Vu sur Twitter. Les internautes d’ailleurs suivent avec intérêt.

Chaque semaine, c’est avec passion que les internautes se signalent l’ajout de sous-titres sur les vidéos publiées sur Youtube avec le hashtag #MaitresseDunHommeMarié.

Elle suscite des débats sur des thèmes qui passionnent et abordent, enfin, certains sujets d’un point de vue féminin et authentique.

 

Je n’en suis qu’à l’épisode 25 et je guette avec impatience les épisodes à venir. Les rebondissements sont intéressants et le jeu d’acteur est plutôt bon. Maîtresse d’un homme marié est, à mon humble avis, une série à suivre. Elle casse les codes (oui, je l’ai déjà dit mais il faut le répéter), elle aborde des sujets sensibles et mesdames, le trio Cheikh-Birame-Moustapha est un régal pour les yeux. Ce n’est même pas discutable.

Plongez avec moi à la découverte d’un Dakar différent où derrière chaque porte se cache une histoire, un secret, des peurs et des joies.


* Nanga Deff : Bonjour

Niatala : C’est combien ?

Sandaga : Marché bien connu de la capitale sénégalaise.


Génération Mbappé, Neymar ou Messi : les Tchizas ne se cachent plus.

Tchiza. C’est le terme à la mode. Pour certains, une insulte et pour d’autres, une consécration. Toujours est-il qu’il ne passe pas inaperçu sur la toile et dans les foyers depuis que la guerre entre Tchizas et titulaires a été déclarée.

La Tchiza ou Tchizambengue dans sa version longue, est un terme rendu populaire par la chanson éponyme de la chanteuse gabonaise Shan’L. Il fait référence aux « maîtresses », autrefois appelées « 2eme bureau » et désigne les femmes qui entretiennent une relation amoureuse avec un homme déjà marié.

En règle générale, ce sont de jeunes femmes entre 16 et 35 ans. Elles sont jeunes, jolies et suffisamment courageuses pour entendre s’imposer face à une relation. Elles connaissent, pour le grand nombre, leur place de « 2eme bureau », les habitudes de Monsieur et l’existence d’une « dame » dans le foyer. Il y a encore quelques années, elles s’offusquaient d’admettre leur statut de « voleuse de mari ». Aujourd’hui, elles l’assument.

Parmi ces Tchizas assumées, il existe différentes catégories qui varient selon l’âge, les objectifs ou l’ambition. Sur Internet, des « petits noms » leur ont été attribués. A chacune de se caser.

La Génération Mbappé

Elles ont entre 16 et 25 ans. Leur « surnom » est tiré du nom du jeune champion du monde de foot Kylian Mbappé. Elles sont généralement élèves ou étudiantes, viennent de familles modestes et aiment mener la grande vie. Jeunes, rebelles, en quête d’argent facile, elles se font entretenir par un homme plus âgé, souvent marié et père de famille.

Elles n’attendent généralement rien de lui, si ce n’est des avantages financiers pour épater leurs copines. Elles n’ont pas la prétention d’éjecter la « titulaire » de son rôle de femme au foyer et sont assez discrètes. Elles ont souvent des « petits gars », leurs amoureux officiels, qui savent ou pas qu’elles « bouffe l’argent » d’un « papa ».

La génération Neymar

Tout comme le footballeur brésilien, elles ont entre 26 et 29 ans. Ce sont des jeunes femmes conscientes de leur potentiel amoureux et de leurs charmes. Elles ne se contentent plus de petits cadeaux ou de sorties en boite de nuit. Elles rentabilisent leur relation avec les hommes mariés et entendent bien bénéficier d’autant de droits que la « femme officielle ».

Elles exigent que l’homme leur accorde suffisamment de temps, qu’il paye un appartement et/ou des voyages. Elles savent où elles vont et pour beaucoup, mène leur homme à la baguette.

La génération Messi

Elles, elles ont entre 30 et 35 ans et tout comme la légende du Football Lionel Messi, elles ont un passé plus ou moins glorieux. Pour beaucoup, elles ont été longtemps les petites amies/Tchiza sans que cela n’aboutissent à une relation sérieuse. A présent, elles souhaitent se « caser ». Beaucoup d’entre elles ont passé des années de relation avec un homme marié qui leur a fait miroiter de mettre fin à son mariage. Elles sont connues des « titulaires », et parfois de la famille du Monsieur ; pour les cas les plus poussés, elles ont un enfant avec le principal intéressé. Elles ne se voient plus comme des « maîtresses » mais comme des coépouses encore non-déclarées. Pour la plupart d’entre elles, la prochaine étape est le divorce de Monsieur.

En Afrique aujourd’hui, le phénomène des Tchiza prend une ampleur considérable. La dernière altercation entre une titulaire et une tchiza a fini de mettre ces dernières au centre des projecteurs. En effet, dans cette affaire, la « maîtresse » d’un homme marié a été violentée et séquestrée par l’épouse. Les vidéos de cette maltraitance ont ensuite été publiée sur les réseaux sociaux et ont provoqué une vague de contestations pro-tchiza ou en soutien à la titulaire.

D’ailleurs, l’histoire n’est pas sans rappeler celle de la désormais célèbre Nathalie Koah dont la relation avec Eto’o fils, a longtemps alimenté les chroniques. Érigée en exemple de réussite, présente dans le clip de Shan’L, elle donne à elle seule l’impression que « Tchiza » est la nouvelle orientation amoureuse à adopter.

Dans ce brouhaha digital sans nom, une question semble passer inaperçue. Quelle est donc la responsabilité de l’homme ? Parce que oui, on en revient à ça ! Des femmes se battent, se violentent et s’affichent pour les faveurs d’un homme qu’on ne voit pas. Et tout cela semble normal.

Finalement, dans cette guerre entre titulaires et tchizas, il n’y a qu’un seul gagnant. Appelez-le « Monsieur » tout simplement.


Crédit photo : Photo by Rachel Pfuetzner via Iwaria


CHACONA : Chers frères congolais, indignez-vous…ou continuez de vous taire.

Dieu sait que j’avais juré de ne plus écrire sur le Congo. Dieu sait que je m’étais fait la promesse de fermer les yeux parce que finalement rien ne changeait et que même ceux sur qui je comptais pour que les choses aillent mieux avaient décidé de vendre leurs âmes et leurs convictions. Qui étais-je donc pour continuer à crier à gorge déployée que ça va mal au Congo et qu’il était plus que temps de l’on se lève pour que les choses changent ?

Dieu sait que j’avais juré que je ne parlerai plus des frasques ceux là qui sèment jour et nuit la misère dans la vie de milliers de congolais.

Mais permettez donc que je déroge à ma propre règle.

« Une vingtaine de jeunes avaient été interpellés dont seize ont été placés en garde à vue au commissariat de Chacona [dans le quartier de Mpila]. Dans la nuit du 22 au 23 juillet, treize d’entre eux sont morts », a déclaré le ministre Raymond-Zéphirin Mboulou en réponse à une question à l’Assemblée nationale – Source Le Monde.

16 jeunes auraient donc été interpellés suite au décès d’un homme dans leur quartier de Brazzaville. Ces jeunes auraient été mis en cellule et 13 d’entre eux sont morts. 13 jeunes congolais sont morts après avoir été interpellés. Comment voulez-vous que je me taise ? Comment voulez-vous que je fasse semblant que tout va bien et que je continue de me taire à coup de #AllonsSeulement ?

Selon LE MONDE, quelques jours plus tôt (le mardi 24 juillet en l’occurrence), le Ministre de la Communication Thierry Moungalla avait déclaré sur les ondes de Radio France Internationale

« Il ne s’est rien passé au commissariat ».

Selon lui, « deux bandes se sont affrontées de manière très violente sur la voie publique » avec pour conséquence « la mort de plusieurs hommes ».

Depuis le Porte-Parole du gouvernement aurait nuancé sa déclaration, en affirmant qu’il n’avait fait que transmettre une information reçue comme telle. Une justification qui, sans excuses, n’avait pas lieu d’être.

Capture d’écran – Compte Twitter du Porte-Parole du Gouvernement congolais

Mais avait-il vraiment tort en disant « Il ne s’est rien passé » ? Je ne pense pas non !

J’ai attendu depuis deux jours maintenant que des voix se lèvent, que des jeunes parlent, que des autorités disent autre chose que des messages sans fonds à la gloire du pouvoir en place…mais rien !

Le plus drôle c’est qu’il y a quelques semaines, un opérateur téléphonique faisait des siennes. Il fallait voir le nombre de personnes qui ont parlé, twitté, mis des posts Facebook et autres. Aujourd’hui, 13 des nôtres ne sont plus. Combien ont jugé utile d’en parler ? Combien ?

Il n’a pas forcément tort M. Moungalla.

13 jeunes congolais sont morts, il n’y a aucune explication et RIEN, je ne vois rien. Où sont vos interrogations ? Pourquoi je n’entends pas votre désolation ?

Rue de Brazzaville / Crédit photo : Wikimedia

Je ne m’attends pas à ce que la jeunesse congolaise se lève pour protester. Je n’enverrai aucun de mes frères dans la rue pendant que je suis derrière un écran. Ce serait injuste de ma part. Mais ne suis-je pas en droit d’attendre que vous dénonciez ? Que vous puissiez exiger des réponses ou même simplement que vous en parliez ?

Venance Konan a publié un livre récemment, dont rien que le titre est inspirant. « Si le noir n’est pas capable de se tenir débout…Laissez-le tomber ». Je vais me permettre de reformuler.

« Si le Congolais n’est pas capable de se tenir debout…Laissez le tomber »

J’avais décidé de ne plus écrire à propos du Congo. J’avais promis que je crierai plus sur les toits pour dénoncer ce qui ne va pas. J’avais juré que je me tairais et que je regarderai faire.

Je regarderai mes frères qui écument les bars à la recherche d’une bouteille de bière qui coûte moins cher que de l’eau…

Je regarderai mes frères qui continuent de travailler avec des mois de salaires impayés…

Je regarderai mes frères qui trouvent que c’est normal de vivre dans l’insalubrité…

Je regarderai mes frères qui savent que 13 de nos frères sont morts et qui se taisent. Encore.

Je me répète. Jamais je n’enverrai un frère dans la rue alors que je suis derrière un écran. Mais INDIGNEZ-VOUS !

De grâce, indignons-nous. Au moins cela. Partageons l’information pour qu’au moins d’autres sachent ce qui se passe de notre côté de la terre. Ne laissons pas ces morts finir dans nos nombreux faits divers.

INDIGNONS-NOUS.

Ou alors, continuons de nous taire et la prochaine fois, ce sera pire. Ce sera chaque fois pire.Et nous n’aurons rien à dire.

La blogueuse Dave a écrit ce texte, plein de sens.

Moi, je n’ai plus rien à dire.

A ce stade de mutisme, je pense que nous avons les dirigeants qu’on mérite.